Just post it

Qu’est-ce qu’un blogue ? Que sont ces drôles d’outils qui permettent de publier ses humeurs aussi simplement que d’envoyer un mail ? Comment s’aggrandit cette communauté d’utilisateurs ? Quels types d’outils utilise-t-elle pour quels types d’usages ? Voici quelques-unes des questions que nous avons essayé de nous poser en préparant ce dossier.


Edito : Les weblogs : du phénomène à la révolution
par Daniel Kaplan et Hubert Guillaud
Just post it par Guillaume Chazouillères
Vous avez dit wiki ?
Spip toujours !
Syndication et agrégation de contenus : les RSS (Rich Site Summary)
Pour aller plus loin

Just post it !

Depuis quelques mois, c’est l’un des sujets favoris des journalistes. Spécialistes de nouvelles technologies comme professionnels de supports grands publics se passionnent tour à tour pour les weblogs, autrement nommés blogues ou carnets web en français.
Pour ceux à qui cela auraient encore peut-être échappé, il s’agit de ces pages persos dynamiques qui se présentent sous la forme de calepins virtuels. Les internautes y livrent au quotidien leurs posts, autrement dit leurs billets d’humeur datés et agrémentés de nombreux liens vers d’autres sites.
Le phénomène n’a rien nouveau en soi : aux Etats-Unis, ces journaux de bord se sont multipliés juste après le 11 septembre 2001. Au départ, des gens confrontés aux événements ont trouvé là un moyen d’évacuer leurs traumatismes et de partager leurs émotions avec les internautes.
Mais ce qui pousse aujourd’hui tout le monde à parler des blogues, c’est que la contagion est en train de véritablement gagner l’hexagone. Ces drôles de pages web version française poussent comme des champignons. Et on assiste à la démocratisation d’un formidable support de publication simple et facile d’utilisation.

Combien recense-t-on de blogues ? Difficile à dire. Certains n’hésitent pas à parler de millions de carnets dans le monde. « Mais il est plus sérieux d’en compter quelques centaines de milliers car beaucoup, comme les pages persos, ne sont pas remis à jour et tombent dans les oubliettes du web », tempère Christophe Ducamp, spécialiste des weblogs en France et auteur du site http://www.elanceur.org très complet sur le sujet.
Leur premier atout ? C’est d’abord de pouvoir donner la parole à n’importe quel internaute. En clair, si l’idée de créer une page perso vous donne autant de boutons que celle de devoir décrypter une thèse de physique, vous allez pouvoir souffler : avec les blogues, nul besoin de maîtriser le HTML ou de posséder des connaissances très poussées de la programmation pour réaliser votre propre publication.
Exit donc les logiciels prises de tête. Plusieurs dizaines d’outils vous permettent de créer votre carnet web en seulement quelques minutes. Première solution, opter pour un outil de création et de publication à distance via votre navigateur : le plus populaire reste l’américain http://www.blogger.com, mais les francophones http://www.monblogue.com ou encore http://www.joueb.com (via le système Niutopia) sont tout aussi efficaces… Ces outils vous permettent également d’héberger gratuitement votre carnet web. Les plus expérimentés préfèreront, quant à eux, utiliser des outils comme http://www.movabletype.org ou http://radio.userland.com.

Le blogue, offre un moyen d’expression aisé et rapide. « Du coup, bon nombre d’entre eux ressemblent aux premiers sites persos américains. Des journaux intimes, sans liens aux autres, qui sont fait par des internautes qui viennent tout juste de découvrir les joies de la publication en ligne », explique Emmanuelle Richard, une journaliste française exilée à Los Angeles et créatrice du blogue bilingue, http://www.emmanuelle.net.
Les exemples ne manquent pas : prenez « 3615 Mylife » (http://3615mylife.blogspot.com), où Camille raconte au jour le jour ses aventures entre son petit copain et le lycée. Dans un genre plus « imagé », mais tout aussi narcissique, Jean-Michel remplit, quant à lui, tous les matins son carnet http://www.blog.9online.fr avec une nouvelle photo sur laquelle il se met en scène. Et plus fort encore ! Un blogueur va même jusqu’à faire partager sa vie de bureau aux internautes (http://monavissurtout.blogspot.com).
Reste que certains de ces journaux intimes sont aussi déjà très populaires : Bingirl, 23 ans, qui a fait de son carnet http://www.coredumped.net, une page quasi autobiographique ou encore Agapi (http://www.histrion.blogspot.com), surfeuse depuis seulement deux ans, qui y va tous les jours de son petit billet humoristique, connaissent un gros succès auprès des internautes. Leur secret est simple : ces sites se sont tout bonnement liés à beaucoup d’autres.

Sébastien Paquet, spécialiste Canadien, évoquait au sujet des blogues le fait de devoir « cultiver une communauté ». Dans leur jargon, les blogueurs parlent, eux, de s’inscrire dans la « blogosphère ». Bien sûr, les carnets web sont dans la majorité des cas des pages ouvertes où chacun peut, comme dans les newsgroups, ajouter un commentaire à un papier. Mais pour fonctionner à plein régime, un blogue digne de ce nom ne doit pas vivre isolé avec ses lecteurs, mais bien au contraire fourmiller de liens. Pour Christophe Ducamp, « les blogues sont hyperliés par nature ». Il s’agit d’abord, de référencer les « sites amis ». Mais aussi, pour chaque nouveau billet de prolonger et d’enrichir le discours en revoyant l’internaute aux quatre coins du web (vers des sources, d’autres blogues…). Une partie de ping-pong géante en quelque sorte.
Interaction oblige, « les weblogs permettent ainsi l’émergence d’une foule de micro-opinions qui peu à peu apprennent à se fédérer et à se faire entendre », explique Chryde, blogueur francais, auteur du site « Heures creuses » (http://chryde.free.fr) où il parle aussi bien de culture que de sujets de société. Aux Etats-Unis, où les blogueurs ont le vent en poupe, ces sites sont surtout consacrés à décortiquer l’actualité. Et au cœur de cette grande « cyberconversation américaine », le site, http://www.instapundit.com, de Glenn Reynolds, professeur de Droit, va carrément jusqu’à être considéré outre-Atlantique comme le « New-York Times des blogues ». Mieux : des journalistes, eux même, abusent de ce nouveau média, comme Kevin Sites correspondant pour CNN qui lui a d’ailleurs demandé récemment de stopper temporairement son site (http://kevinsites.net).
En France, on est encore loin d’en être arrivé là, mais les blogues d’infos commencent à se lier à leur tour. Pour preuve, le carnet d’actualité « Immersion » (http://immersion.monblog.com) fraîchement mis en ligne par Monsieur Julien a fait des débuts très remarqués dans la blogosphère francophone. Aujourd’hui, ses billets sont régulièrement mis en lien, commentés et complétés par d’autres sites de la même veine, comme par exemple le désormais connu « Médiatic » (http://mediatic.blogspot.com). Et ainsi de suite…
Les interrelations crées par les blogues peuvent aussi directement servir les intérêts de professionnels. Pour n’en citer que quelques-uns, des scientifiques ou encore des consultants qui ont envie de se faire connaître, d’exposer leurs projets, leurs idées, ou tout simplement de partager et de se nourrir de toutes sortes d’infos. Un consultant en informatique a, par exemple, enrichi son site web d’un blogue (http://radio.weblogs.com/0105910/) sur lequel il informe « sur la manière dont les technologies et les ordinateurs modifient nos vies ». Chacun est libre d’y ajouter des commentaires.

Enfin, on peut encore aller plus loin dans les usages communautaires et pourquoi ne pas envisager d’écrire directement à plusieurs personnes sur un carnet web. Les blogues collaboratifs sont encore rares. La référence en la matière est sans doute http://www.slashdot.com, un site américain qui réunit des passionnés de l’actualité des nouvelles technos. Pour participer, il suffit de s’enregistrer sur le blogue. En France, on peut citer quelques petites expériences : comme celle de cinq filles qui livrent tous les jours aux internautes un carnet (http://www.bitegirlz.levillage.org) de bonne humeur et de conseils pratiques. Chryde, lui, vient de monter « Ligne9 » (http://chryde.free.fr/ligne9) et invite sur son site tout internaute possédant des anecdotes sur le métro. Mais ces usages restent le plus souvent ludiques. « RealViceCity » (http://www.u-blog.net/RealViceCity) avait le projet ambitieux de construire collectivement un scénario de jeu vidéo. Le blogue semble avoir été rapidement déserté… En fait, les weblogs, simples outils d’agrégation de contenu qui permettent d’écrire des textes les uns au-dessus des autres et de les classer par date, ne semblent pas assez souples pour s’adapter à tous les usages. Dans ce cas précis, sans doute aurait-il été préférable de « poster » via d’autres outils… Avis aux amateurs de Spip ou de Wiki

Guillaume Chazouillères

Vous avez dit wiki ?
Et si le wiki était vraiment l’avenir du blogue ? Une chose est sûre, le débat a le mérite d’exister au sein de la blogosphère : « Filez sur les Wikis », « Préparez-vous à changer de navire… plus beau… plus grand », « ce weblog absolu », etc. En butinant ici et là sur le web, on trouve de plus en plus de partisans de cet autre outil de publication.
Les raisons d’un tel enthousiasme sont simples : sur un wiki, tout le monde peut écrire sur toutes les pages. Tout le monde peut entrer sur un texte et modifier, enrichir ce qui vient d’être publié cinq minutes avant. En clair, il s’agit d’un outil de publication clairement orienté vers l’écriture collective, voire complètement « désintéressée » disent certains, ce que les blogues n’ont jamais permis…
Le risque ? C’est bien entendu que des petits malins s’amusent à venir détruire votre prose. A chacun donc de modérer son wiki comme il l’entend (instaurer un système de login à l’entrée, un code déontologique…)
Reste que pour Christophe Ducamp, consultant en marketing et expert en weblogs, le wiki est plein d’enjeux : « Avec un outil aussi souple, qui permet une écriture si rapide, on peut imaginer monter les projets collectifs ou les plus fous. » Dans ce gigantesque puzzle, il n’y a pas de limite à la création, mis à part celles que l’on veut se fixer. Ainsi Christophe Ducamp a déjà lancé plusieurs projets à partir de son wiki, « Craowiki » (http://wiki.crao.net) : une page est notamment destinée à la création d’un futur City magazine. Si vous avez des idées, le wiki est ouvert…

Spip toujours !
Avis aux amateurs de publications collectives ordonnées façon magazine ! Le logiciel de gestion de contenu Spip (Système de publication pour internet) (http://www.uzine.net/spip) est pour vous. L’intérêt de cet outil est qu’il vous permet d’écrire et de faire écrire des papiers en les insérant ensuite dans le rubricage de votre choix.
Différents journaux en ligne ont adopté le système. Uzine (http://www.uzine.net), un journal web collaboratif créé par des militants du net indépendant, mais aussi Le Monde diplomatique (http://www.monde-diplomatique.fr) ou encore la nouvelle version de Transfert (http://www.transfert.net).

Syndication et agrégation de contenus : les RSS (Rich Site Summary)
Parmi la panoplie d’outils dédiés aux weblogs, les canaux RSS permettent, grâce à l’utilisation du standard XML, de « syndiquer » (c’est-à-dire partager, rendre accessible) le contenu que l’on publie sur son site avec tout site intéressé par ce fil d’info. Des outils d’agrégation de contenus basés sur le standard RSS permettent à chaque blogueur de créer des fils d’information à partir de son propre site et en retour, via une sorte d’abonnement, d’être informé, des dernières publications des sites avec lesquels il se sent des points communs.
Sébastien Paquet dans son article intitulé « La cognitique personnelle en ligne et son utilisation en recherche » explique : « Le principe de la syndication dans le contexte des cybercarnets consiste en la disponibilité de contenu Web sous un format standard appelé RSS (Rich Site Summary – fil de nouvelles enrichi). La disponibilité des fils RSS jumelée à l’utilisation de logiciels syndicataires (« personal news aggregators », aussi appelés agrégateurs) rend possible la sélection de sources d’intérêt et l’abonnement à celles-ci. Par la suite, votre agrégateur extrait le contenu des sources de nouvelles sélectionnées et affiche les nouvelles une à la suite de l’autre sur votre écran, ce qui vous permet d’avoir une vue d’ensemble sur un même écran, sans devoir naviguer sur les sites cibles. Il est possible de s’abonner et de se désabonner de toute source choisie à tout moment. De nos jours, la plupart des carneticiels (logiciels d’édition pour carnets Web) offrent la possibilité de publier un fil RSS. Cette fonctionnalité trouve preneur parmi grand nombre de carnetiers, qui utilisent les agrégateurs afin d’optimiser l’utilisation de leur temps. »
L’info : http://radio.weblogs.com/0105068/stories/2002/12/23/traduction
DePersonalKnowledgePublishingAndItsUsesInResearch.html

et http://www.elanceur.org/CityDeskFranceXML/CityDeskRSSSsTab.html
Tutoriel RSS Journal du Net : http://developpeur.journaldunet.com/tutoriel/xml/020912xml_rssintro.shtml
Explication plus complète : http://backend.userland.com/rss et en français : http://www.elanceur.org/iemd/DossierFAQ/AgregateurPersonneldeNouv.html
Essayez des lecteurs RSS : http://blogspace.com/rss/readers

Pour aller plus loin
L’ABC du blog pour les néophytes : http://www.pointblog.com/abc/
A l’occasion d’Autrans 2003, l’atelier animé par Christophe Ducamp a fait le point des définitions, des outils, des usages et des perspectives  : http://www.leweblog.com/0001021/outlines/Autrans2003Weblogs.html
Une première typologie des différents types de blogues existants, réalisée par Jean-Luc Raymond : http://klogfr.blogspot.com
A lire : « La cognitique personnelle en ligne et son utilisation en recherche » : http://radio.weblogs.com/0105068/stories/2002/12/23/traduction
DePersonalKnowledgePublishingAndItsUsesInResearch.html

et « Vers un carnet web structuré » de Sébastien Paquet  : http://radio.weblogs.com/0105068/stories/2003/03/14/traduction
DeTowardsStructuredBlogging.html

Sébastien Paquet a publié les résultats d’une très intéressante enquête sur les usages des blogues par les blogueurs  : http://www.iro.umontreal.ca/~paquetse/KnowledgeSharingSurvey-2003/Weblogs/
L’abécédaire anglophone des termes de la blogosphère : http://www.samizdata.net/blog/glossary.html

Sélection de blogueurs du NET
Emmanuelle Richard : http://www.emmanuelle.net
Christophe Ducamp : http://www.elanceur.org
MediaTIC de Jean-Luc Raymond : http://mediatic.blogspot.com
Frolog, la communauté francophone des blogueurs : http://weblogfrance.manilasites.com
Le weblog de Sébastien Paquet, doctorant à l’université de Montréal (anglais) : http://radio.weblogs.com/0110772/

Sites d’infos sur les blogues
Pointblog : http://www.pointblog.com
Blog Logic : http://www.bloglogic.com
Many to Many : http://www.corante.com/many/

Annuaires et moteurs
Annublog : http://www.annublog.com
FrBlog, répertoire des weblogs français et francophones : http://membres.lycos.fr/connecticut/frblog/
Daypop, le moteur de l’actualité : http://www.daypop.com
Weblogues, audimat et affinités des blogues francophones : http://www.weblogues.com
Technorati, recense en temps réel les liens externes mentionnés sur une centaine de miliers de blogues : http://www.technorati.com

Sélection de brèves consacrées aux blogues sur le site de la Fing
Comment le « Page Rank » de Google modifie l’ordre du monde :
http://www.fing.org/index.php?num=3769,2
La diversité et la liberté créent-elles de l’inégalité  ? : http://www.fing.org/index.php?num=3600,2
La guerre sur le web : http://www.fing.org/index.php?num=3741,2
L’échange et l’ouverture au cœur du développement logiciel : http://www.fing.org/index.php?num=3512,2
Journalisme en ligne : les sites d’informations communautaires offrent une autre perspective : http://www.fing.org/index.php?num=2957,2
Les blogues se syndiquent : http://www.fing.org/index.php?num=3346,2

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