Le pouls des technologies et services mobiles

1 500 visiteurs, 30 exposants de toutes tailles, plus de 80 intervenants : la 3e Fête de la Mobilité est une bonne occasion de prendre le pouls des professionnels des technologies mobiles et de leurs utilisateurs professionnels. D’un côté, une demande forte et une maturité croissante des services et des usages ; de l’autre, une dynamique d’innovation, voire de transformation, toujours aussi puissante : le secteur des technologies et services mobile n’a pas fini de muter.

1 500 visiteurs, 30 exposants de toutes tailles, plus de 80 intervenants : la 3e Fête de la Mobilité est une bonne occasion de prendre le pouls des professionnels des technologies mobiles et de leurs utilisateurs professionnels. D’un côté, une demande forte et une maturité croissante des services et des usages ; de l’autre, une dynamique d’innovation, voire de transformation, toujours aussi puissante : le secteur des technologies et services mobile n’a pas fini de muter.

Maturité des grandes entreprises, terre de mission dans les PME
Les réalisations concrètes se multiplient dans les entreprises, dont plusieurs, telles Dexxon, ELM Leblanc ou la RATP, sont venues relater leur expérience. Les applications destinées aux équipes mobiles, commerciaux, techniciens et transporteurs, ont démontré leur utilité : gain de temps, optimisation des tournées, meilleur lien avec l’entreprise, service plus compétent et réactif, suivi des interventions…

Si, dans ces applications « métier », les appareils mobiles se substituent généralement aux dispositifs précédents – ce qui suppose un travail significatif de formation et de conduite du changement -, il n’en va pas de même en ce qui concerne les cadres, pour lesquels les nouveaux dispositifs mobiles s’ajoutent à l’existant, notamment au micro-ordinateur portable, lui-même communicant sans-fil. Pour autant, Charles-Henri Besseyre des Horts, titulaire de la chaire HEC-Toshiba sur la mobilité à HEC, qui a dirigé le chapitre « entreprises » du livre Mobilités.net, souligne que « les technologies mobiles ne touchent qu’une petite partie de la population active, principalement des cadres ». Elles ont également « modifié notre conception du temps et ont remis en cause les termes de l’échange dans la relation de travail, la pression temporelle, le contrôle et les attentes par rapport au comportement des salariés » : bref, leur introduction n’ira pas sans tensions, sans choix et sans réorganisations.

Dans certains cas, enfin, les technologies mobiles sont l’outil d’une transformation plus profonde : du champ de bataille, décrit par Jean Rannou (CEIS, auteur d’un article dans Mobilités.net), aux marchés agricoles sénégalais rendus plus efficients par Manobi, en passant par les douanes françaises ou les aéroports, la mobilité ne joue plus un rôle pratique, mais proprement stratégique.

Pour autant, si les usages mobiles émergent comme une priorité des grandes entreprises (voir l’étude du Cigref), il n’en va pas encore de même des PME. En dehors de secteurs assez proches de la technologie, les applications concrètes demeurent rares et les acteurs ont encore un travail important d’adaptation et de conviction à réaliser.

Un marché grand-public en recherche
Du côté des services grand public, la généralisation du Gprs, l’émergence de la 3G et les efforts des opérateurs produisent une floraison de nouveaux services. Les sonneries, les jeux en téléchargement, les fonds d’écran, les services de tchat, ont déjà trouvé leur marché. L’échange de photos numériques explose dans certains pays, mais reste freiné en France par les tarifs des MMS. Les autres services cherchent encore leur place, mais la créativité est forte. Cette année est sans doute celle de l’image et de la vidéo : diffusion vidéo de clips, de mini-films ou de nouvelles, vidéosurveillance, photoblogs et même vidéoblogs (voir « Le moblogging re-défini« ).

A ce stade, ces usages représentent encore une faible part du trafic (et des revenus) mobiles. De retour d’un voyage en Corée co-organisé avec la Fing en juin, Yves Gassot de l’Idate rappelle que chez les utilisateurs des services 3G, la part « données » du fameux Arpu (Average revenue per user, revenu moyen par utilisateur) est nettement supérieur à la moyenne. Un signe encourageant pour les usages et les fournisseurs de services, mais pas nécessairement pour les opérateurs. Car il semble peu probable que la chaîne de valeur très organisée des contenus et services mobiles, presque totalement contrôlée par les opérateurs, demeure durablement figée dans sa configuration actuelle. Le consultant Vincent Poulbère (Ovum) décrit ainsi 11 « points de ruptures » possibles, depuis les autres technologies sans-fil (Wi-Fi, mais aussi diffusion vidéo DVB-H) jusqu’à la généralisation d’IP, des formats et des modèles internet, en passant par les opérateurs virtuels (MVNO) et les systèmes de paiement ne passant pas par la facture des opérateurs.

La galaxie sans-fil
Bien sûr, les réseaux cellulaires, même l’Umts, ne couvrent plus tout le champ des réseaux mobiles. Comme lors des éditions précédentes, Wi-Fi était très présent lors de la Fête de la Mobilité, là encore avec des applications plus professionnelles, plus orientées vers les besoins des entreprises. Toshiba et Nikon tiraient le portrait des visiteurs et les envoyaient sans-fil vers un projecteur et une imprimante, en temps presque réel. Les applications de téléphonie sous IP se répendent sur les réseaux locaux des entreprises. Et l’association Wireless-Link annonçait le 22 septembre son extension à de nouveaux opérateurs et présentait un état d’avancement encourageant de l’interopérabilité des hot-spots des différents opérateurs – tandis que Rafi Haladjian, d’Ozone, comparait les hot-spots à des points d’eau et préfèrerait, pour sa part, irriguer tout le désert (voir son article « De l’inéluctabilité du réseau pervasif« ).

Numérique et physique, la rencontre
La rencontre entre les technologies mobiles et les objets physiques constitue sans doute l’une des pistes d’innovation les plus stimulantes, illustrées dans plusieurs sessions de la Fête de la Mobilité.

La table-ronde du 21 septembre était consacrée aux concepts d' »intelligence ambiante » et aux objets communicants, en compagnie de trois auteurs de Mobilités.net, Yannick Lejeune (3ie), Gilles Privat (France Télécom R&D), Rafi Haladjian encore, ainsi que Philippe Kérignard de Bouygues Télécom. La table-ronde RFID du lendemain a refusé du monde (voir l’interview que nous publions cette semaine de Bernard Jeanne-Beylot sur les Rfid). Et le 23 septembre, Philippe Le Fessant (Jap’Presse) a démontré par l’exemple comment, au Japon, le mobile était devenu un moyen de paiement, un ticket de métro, un scanner de cartes de visites et autres pub (via les codes-barres QR à deux dimensions) ou un dispositif publicitaire interactif, grâce à un filigrane invisible à l’oeil qui, quand l’annonce est photographiée, emmène l’utilisateur vers le site mobile de l’annonceur (voir la présentation – .ppt).

Dans un autre ordre d’idées, le recours à la géolocalisation permet également de proposer des « cityguides », des jeux en réseau et des services de rencontres, dans la ville réelle.

La dynamique asiatique
Les exemples donnés par Philippe Le Fessant, complétés par son associée Riyako Suketomo, le témoignage de Georges Passet, directeur nouvelles technologies de Bouygues Télécom et qui, à ce titre, fait souvent l’aller-et-retour chez son partenaire DoCoMo, celui d’Yves Gassot et celui de la consultante Isabelle Burdet, montrent toute l’avance asiatique, Japon et Corée en tête, en matière de services, d’usages et même de technologies mobiles.

En Corée, la 3G est une réalité depuis plusieurs années, mais le mobile fait aussi office de guide urbain, de clés ou de dispositif de télésurveillance. Mais le Japon affiche une ambition plus grande encore. Des transports intelligents à la télévision sur les mobiles, des objets communiquants aux robots domestiques, en passant par RFID, la généralisation d’IPv6, le porte-monnaie électronique FeLiCa… le Japon se veut, comme l’indique Riyako Suketomo dans son article de Mobilités.net, « le pionnier de la société Ubiquitous ». Et il y met les moyens : si l’on veut aujourd’hui imaginer l’avenir de la mobilité, un détour par le Japon s’impose.

Le programme et les présentations (slides) de la Fête de la Mobilité sont en ligne.

Présentation de l’ouvrage Mobilités.net.

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