Quand les robots inventent le langage

epflsbotforaging.jpgUne équipe de chercheurs suisses, composée des roboticiens Dario Floreano, Sara Mitri, et Stéphane Magnenat ainsi que du biologiste Laurent Keller, a étudié la communication entre des « essaims » de robots, pour découvrir que ceux-ci étaient capables de faire évoluer un langage de leur cru, en fonction des pressions d’une « évolution artificielle ». Cette expérience peut aider à élaborer un possible scénario sur la naissance du langage, mais permet aussi d’envisager, d’un point de vue plus pratique, le développement de comportements plus complexes chez les robots.

Dans cette expérience, on a étudié dix colonies de robots pendant 500 générations, soumises à des pressions sélectives différentes. Les robots étaient « virtuels » (de simples logiciels) lors d’une première phase, réels par la suite. Dans ce second cas, les chercheurs ont utilisé des spécimens déjà employés par Marco Dorigo et son équipe pour tester l’efficacité de la collaboration entre machines. Bien entendu, on créait une « nouvelle génération » en changeant le programme des robots, on ne construisait pas de nouveaux engins !

Le principe était le suivant : on plaçait les robots sur un terrain contenant de la « nourriture » et du « poison ». A charge, on s’en doute, pour les machines de rechercher la première et d’éviter le second. Chaque robot était doté au départ d’un programme simplement capable, en s’en approchant, de distinguer la nourriture du poison, ainsi que d’un « génome » composé d’un ensemble de paramètres fixés de manière aléatoire. Régulièrement, on passait à la phase de « reproduction ». Les « génomes » des robots les plus doués étaient recombinés pour donner naissance à une progéniture.

Selon Laurent Keller, »sous certaines conditions, une communication sophistiquée s’est développée. Nous avons vu des colonies utiliser des lumières pour indiquer qu’elles avaient trouvé de la nourriture, et d’autres qui signalaient le poison. » Cet usage primitif de codes pourrait bien s’avérer être à la racine du langage.

Une telle coopération s’est surtout développée lorsque la performance de l’essaim dans son ensemble était choisie comme paramètre de sélection, ou lorsque des robots étaient « apparentés » l’un à l’autre, c’est à dire partageaient une grande partie de leur génome.

Avec la coopération vient le mensonge. Lorsque les agents n’étaient pas de la même famille, ils n’hésitaient pas à se tendre des pièges, à envoyer de faux messages pour éloigner leurs concurrents des sources possibles de nourriture !

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