Etudiants sous surveillance

Les universités – Anglo-saxonnes notamment – utilisent de plus en plus les données pour prédire la performance des étudiants, explique Helen Warrell pour le Financial Times. Ainsi, l’Open University britannique était capable de prédire les résultats scolaires d’élèves qui suivaient l’une de ses formations en ligne, une semaine seulement après qu’ils l’aient commencé, simplement en observant lesquels regardaient les programmes ou s’impliquaient sur les forums associés. Pour le responsable de ce programme, le neuroscientiste Peter Scott, qui dirige l’Institut des médias de la connaissance à l’Open University, ce type de surveillance intensive et invasive est en hausse. L’enjeu, pour des universités américaines ou britanniques dont les coûts sont de plus en plus élevés, est aussi d’aider leurs étudiants à le rester et donc aussi à continuer d’être leurs clients. Certains sont encore allés plus loin dans cette surveillance. Il y a deux ans, Andrew Campbell pour le Dartmouth College avait lancé une étude sur la vie étudiante via une application dédiée plutôt invasive puisqu’elle mesurait par exemple le sommeil, les conversations, les activités physiques des étudiants.

Aux Etats-Unis, plus de 130 universités sont abonnées à des systèmes comme Skyfactor, qui permet d’identifier les étudiants en difficulté. Le système nécessite de donner accès à l’assiduité des élèves, à leurs notes, à leurs résultats sportifs… et déclenche des alertes dès qu’un étudiant semble en difficulté afin que l’institution puisse réagir et mieux l’accompagner. Demain, par l’interconnexion des résultats scolaires et des cours, le programme sera capable d’évaluer également les professeurs voir les écoles entre elles, estime David McNally, responsable technique chez Macmillan, propriétaire de Skyfactor. Pour lui, le succès de programmes comme Skyfactor ou VitalSource – un éditeur de manuel en ligne qui surveille les usages fait de ses ouvrages par les étudiants – est également un indicateur du stress auquel sont de plus en plus soumis les étudiants.

Reste que cette surveillance en hausse est aussi source d’inquiétude et de stress pour les étudiants. Même si l’enjeu, pour Peter Scott, n’est pas tant que l’institution utilise les données pour « manipuler » les étudiants que de les apporter aux étudiants pour qu’ils adaptent eux-mêmes leurs parcours à leurs besoins.

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