La fracture numérique n’est plus, elle est redevenue une fracture sociale

Selon une étude de la Northwestern University de 2011, les enfants Afro-Américains regardent deux fois plus longtemps la télévision que les enfants blancs. Les enfants noirs ou d’origine espagnole passent en moyenne 13 heures par jours devant un écran, quand les enfants blancs passent 8 heures et 36 minutes souligne une étude (.pdf) de la Kaiser Family Foundation de 2010. Si dans les quartiers dangereux, le temps d’écran est préférable que de jouer ou de trainer dans la rue, reste que cette surexposition pose question et problème. Le temps d’écran est en effet corrélé à des difficultés attentionnelles, au risque d’obésité, etc.

Pour Naomi Schaeffer Riley (@NaomiSRiley), auteure de Soyez parents : arrêter d’interdire la balançoire, interdisez plutôt Snapchat« , trop souvent, le message que nous envoyons aux parents les plus pauvres et les moins éduqués est que le temps d’écran va aider leurs enfants, explique-t-elle dans une tribune pour le New York Times. Trop longtemps, nous avons incité les parents à s’équiper en informatique pour aider leurs enfants. Trop longtemps nous avons parlé de « résoudre la fracture numérique » et nous avons travaillé à améliorer l’accès des plus pauvres. Selon une étude du Pew de 2015, désormais, 87 % des adolescents américains entre 13 et 17 ans ont accès à un ordinateur. Chez les familles qui gagnent moins de 50 000 $ par an, 80 % des adolescents ont désormais un accès. En fait, les adolescents afro-américains ont plus tendance à posséder un smartphone que tous les autres adolescents américains. Force est de constater que la fracture numérique, la disparité d’accès aux technologies, s’est transformée. « La vraie fracture numérique en Amérique n’est plus entre les enfants qui ont accès à l’internet et ceux qui ne l’ont pas. Elle est entre les enfants dont les parents restreignent le temps d’écran et ceux qui pensent que plus de temps d’écran est la clef du succès ».

A croire que la fracture numérique n’est plus. Elle a été résorbée. Elle est redevenue une fracture sociale, entre ceux qui passent trop de temps derrière leurs écrans et les autres, c’est-à-dire entre les enfants pauvres et les enfants riches.

Reste que regarder le problème sous le seul angle du temps d’écran ne suffit certainement pas. La question, derrière le temps d’écran est plus certainement celle des usages qui en sont faits. La diversité d’utilisation d’internet, comme le soulignait une étude déjà ancienne du DEPS, reste certainement une clef pour comprendre les différences sociales dans l’utilisation du réseau. Le temps d’écran cache aussi des questions autour de la diversité d’usage et de la curiosité culturelle. Et l’enjeu n’est certainement pas seulement de diminuer le temps d’écran qu’élargir les pratiques culturelles.

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