La « loi de Neven », plus fort que la loi de Moore ?

Malgré certaines voix discordantes, il semblerait bien que l’informatique quantique progresse, et progresse très vite. Pour preuve, cette histoire relatée par le magazine Quanta :

« En décembre 2018, les chercheurs de Google AI ont effectué un calcul sur le meilleur processeur quantique de Google. Ils ont été capables de reproduire le calcul en utilisant un ordinateur portable classique. Puis en janvier, ils ont effectué le même test sur une version améliorée de la puce quantique. Cette fois, ils ont dû utiliser un ordinateur de bureau puissant pour simuler le résultat. En février, il n’y avait plus dans le bâtiment d’ordinateurs classiques capables de simuler leurs homologues quantiques. Les chercheurs ont dû demander du temps de calcul sur l’énorme réseau de serveurs de Google pour y parvenir. »

Cette accélération s’est donc produite en un laps de temps très court : deux ou trois mois. Pour Hartmut Neven, qui dirige le Quantum Artificial Intelligence Lab chez Google, cela implique une « nouvelle loi » adaptée aux ordinateurs quantiques, qui succéderait à la loi de Moore, et que Quanta nomme justement la « loi de Neven ». Elle postule que les ordinateurs quantiques, par rapport aux machines classiques, connaissent un progrès doublement exponentiel. Rappelons que la loi de Moore suit une progression simplement exponentielle (de type 2, 4, 8, 16, 32, 64, etc.) Pour obtenir une suite doublement exponentielle, il faudrait multiplier chacun de ces nombres à une puissance supérieure, (2²)1, (2.²)², (2²)3, etc.

Une observation de Neven nous donne une petite impression de l’impact que peut avoir un tel progrès. « Il semble que rien ne se passe, rien ne se passe, et puis oups, tout à coup vous vous retrouvez dans un monde différent… C’est ce que nous vivons en ce moment. »

Mais, poursuit le magazine, cette « loi de Neven » ne convainc pas tout le monde. Et de rappeler que les machines classiques progressent elles aussi, et que les chercheurs trouvent sans cesse de nouveaux algorithmes susceptibles de résoudre d’une nouvelle manière, plus rapide, des problèmes sur un ordinateur classique. Mais, continue l’article, il est hors de doute que l’informatique quantique connaît aujourd’hui des avancées fulgurantes.

A noter que le magazine note que cette amélioration des performances quantiques est beaucoup due à une meilleure correction d’erreurs. Or, le problème des erreurs de calcul semblait pourtant l’un de principaux obstacles au développement de cette nouvelle technologie.

Et Quanta de conclure que, si aujourd’hui la suprématie quantique (la capacité pour un ordinateur quantique de résoudre un problème insoluble par une machine classique) n’est toujours pas atteinte, on serait peut être bien prêt d’y arriver…

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