La lutte contre l’obésité doit-être collective plus qu’individuelle

Plus on comprend les facteurs qui favorisent l’obésité, plus il devient clair que la seule volonté individuelle ne suffira pas pour endiguer l’épidémie, souligne le New Scientist dans son dernier numéro, qui consacre un dossier au sujet.

Depuis 1946, chaque génération est collectivement plus lourde que la précédente. L’épidémie d’obésité ne cesse de se développer et force est de constater que pour l’instant, la réponse que la société a tenté d’apporter n’a pas été à la hauteur des espérances. La raison principale : notre approche du traitement de l’obésité a trop mis l’accent jusqu’à présent sur l’action individuelle passant par l’alimentation et l’exercice physique et sur les solutions pharmacologiques rapides… qui peinent à exister. « Mais plus nous en apprenons sur l’obésité, plus il est clair que ces corrections ne fonctionnent pas ». Notamment parce qu’elles peinent à prendre en compte l’aspect génétique du problème, qui montre que certaines personnes sont plus enclines à manger plus que d’autres. Certaines personnes, moins sensibles à la satiété, doivent travailler cognitivement plus que d’autres pour réguler leur façon de manger… et que cette prédisposition génétique apparaîtrait dès les premiers mois. Des pédiatres britanniques préconisent ainsi une éducation parentale réactive, consistant à apprendre aux parents à faire la différence entre les cris de la faim, ou de la fatigue par exemple, pour adapter leurs réponses en conséquence, au lieu de se tourner vers la nourriture par défaut.

Ensuite parce que d’autres stratégies, plus collectives, semblent pouvoir avoir bien plus d’impact que les stratégies individuelles. Faire de manière que la malbouffe soit moins disponible, rendre les aliments sains plus attrayants que ceux qui ne le sont pas… veiller à la taille des portions et à leur réduction, ou encore rétribuer les gens pour qu’ils mangent mieux ou taxer la malbouffe, sont des solutions plus efficaces que la volonté individuelle.

Le Royaume-Uni a décidé ainsi de taxer les boissons sucrées. Aux Etats-Unis, la Food and Drug Administration souhaite que les menus affichent le nombre de calories qu’ils dispensent… En France, le nouvel étiquetage nutritionnel s’est imposé aux forceps et reste très débattu. Les lobbys de l’industrie agroalimentaire ne voient pas ces changements d’un bon oeil.

Plutôt que de seulement privatiser les bénéfices et socialiser les risques, comme nous le faisons trop souvent, « la nouvelle compréhension que nous avons des causes de l’obésité montre que nous devons socialiser les solutions. Les architectes de l’environnement alimentaire doivent décider dès à présent si la protection des bénéfices des uns est vraiment plus importante que l’action collective judicieuse », conclut l’édito du New Scientist.

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