Projets de recherche Internet Nouvelle Generation : qu’est-ce qui marche, qu’est-ce qui se prépare ?

Synthèse : les projets « Internet nouvelle génération » dans le monde sont de plus en plus ambitieux – et coûteux. Ils associent investissements publics et privés, universités et entreprises. Ils servent à la fois de banc d’essai de technologies nouvelles, et de plates-formes d’expérimentation d’usages innovants. Ils illustrent le rôle nécessaire de la recherche publique en phase d’émergence de nouvelles technologies. Centrés sur les hauts débits, ces projets prennent progressivement conscience de la nécessité de travailler sur le « dernier kilomètre » autant que sur le cœur du réseau.

CA*net 3 (Canada) et l’avenir

Peter Marshall (CANARIE, Canada, marshall@canarie.ca)

www.canarie.ca

Présentation de CA*net 3

CA*net 3 : un réseau de recherche sur le Canada, construit avec Bell Canada, Nortel, Cisco, Newbridge… Un backbone national et des réseaux régionaux. Quelques connexions avec les Etats-Unis (Internet 2).

Basé sur DWDM et plusieurs autres technologies haut débit et économiques (fibre noire…).

Connectivité internationale : via STARTAP, New York et Seattle.

· Conférence « The Networked Nation », 28-29 novembre 2000, Montreal

Prochaines étapes techniques

· Routage totalement optique (OBGP)

· Des réseaux « customer empowered » : les réseaux régionaux gèrent eux-mêmes leur mode de connectivité en achetant de la fibre noire et s’interconnectant via des routeurs optiques partagés (court-circuiter les backbones d’opérateurs télécoms)

· CA*net 4 : en cours de définition, dans le but de tester de nouvelles idées – un système optique d’échange massif de bande passante entre réseaux régionaux

· Infrastructures de collaboration à grande échelle

Financement de projets applicatifs

· Enseignement

· Commerce : groupes virtuels d’utilisateurs

· Télésanté

Budget et sources de financement

· CA*net 3 : C$55 M publics dont 30 M pour le réseau, sur 3 ans

· C$ 80 M publics sur d’autres aspects du backbone

· Plus les réseau régionaux (ex Alberta C$ 79 M pour le réseau régional)

Gigaport (Pays-Bas)

Kees Neggers (SURFNet, Pays-Bas, Kees.neggers@surfnet.nl)

SURFnet est le réseau de la recherche et de l’enseignement supérieur aux Pays Bas, 200 institutions et 400 000 utilisateurs. Financement par les utilisateurs, financement public pour l’innovation.

Gigaport et les projets Internet Nouvelle Génération (ING)

· Gigaport et SURFNET 5 : un réseau et un point d’accès ouvert à tous les acteurs pour des applications expérimentales, connecté à Internet 2.

· Le Telematica Instituut fédère les projets applicatifs

· Objectifs : accélérer l’innovation en utilisant les technologies ING, pour la recherche et l’éducation, les entreprises et la santé,

En offrant :

– Des plates-formes d’expérimentation

– Accès à des groupes d’utilisateurs innovants (yc étudiants)

– Faciliter la création de consortiums

SURFnet 5

· 100 fois plus rapide que SURFnet 4

· Backbone 80 Gbps, accès 20 Gbps : commutation optique

· Introduction de nouvelles fonctions IP : authentification, classes de services, Secure IP, v6, multicasting, MPLS…

· Réalisé en collaboration avec les entreprises

· Planning :

– Réseau pilote en exploitation (2,5 Gbps)

– Janvier 2001 : préproduction (15 nœuds, liaisons WDM de 1O Gbps)

– 2002 : mise à jour du backbone entier

Accès

· L’accès devient le vrai point de blocage, plus que le backbone

· Gigaport testera des pilotes de technologies d’accès multiples (jusqu’au domicile des étudiants), objectif 2 Mbps descendants minimum, technologies filaires et sans-fil

– Un pilote GPRS

– Deux pilotes xDSL

– Fibre vers la cité-U (100 Mbps) : un calcul montre que ça coûte moins de 20 €/mois/étudiant

– Stimulation du marché : Ethernet Gigabit régionaux ; UMTS

Connectivité internationale

Encore 155 à 622 Mbps, non remplis, mais évolution vers 2,5 Gbps et des pilotes de commutation optique.

Le budget

· Le besoin ING nécessitait un investissement plus massif, à la fois sur le réseau et sur les applications, avec des effets externes positifs très importants : d’où un financement public spécifique de 62 M € (ministère de l’économie) sur une période de 4 ans en plus de l’allocation annuelle de 20 M € (ministère de l’éducation).

· Utilisation du budget :

– 50 % connectivité internationale

– 25 % SURFnet 5 (haut débit)

– 25 % nouvelles applications

Défis

· Coût et disponibilité du dernier km, au domicile comme aux institutions (vers la fibre noire et le Gigabit Ethernet)

· Renforcer le rôle de la recherche et de l’université comme accélérateurs : on a eu tendance à oublier ce rôle car on pensait que l’Internet était stablisé

· Accélérer le rythme d’expérimentation par les entreprises

· Développer un sentiment partagé d’urgence

Connecter le Chili au STAR TAP

Florencio Utreras (REUNA, Chili)

REUNA 3

REUNA est le réseau universitaire chilien.

· Version 2 installée en 1998, destinée aux universités (qui payent tout, aucune subvention). Débit : de 2 à 155 Mbps.

· Juillet 2000 : connexion satellite 32 Mbps au STAR TAP… mais on attend des adresses IP ! Décembre, 45 Mbps en fibre.

Problème : les circuits internationaux sont hors de prix, 5 x supérieurs à l’interconnexion Europe-US (et la proportion restera stable) ! Et le Sud paye 100 % de sa connexion – même s’il y a de l’asymétrie, elle n’est pas si importante…

Un projet Sud-Américain : AmPath, devrait faciliter la connexion à un prix plus raisonnable.

WIDE (Japon)

Jun Murai (Keio University/WIDE, Japon, jun@wide.ad.jap)

Le projet WIDE

· Widely Integrated Distributed Environment  : depuis 1998, 90 entreprises et 40 universités

· Objectifs : permettre des environnements d’informatique distribuée de grande échelle

· Beaucoup de projets

· Un réseau Japon (jusqu’à 1 Gbps) et 100 Mbps vers STAR TAP, essentiellement dans un objectif de test.

Le projet JB (Japan Backbone)

· Projet de réseau expérimental Gbps au Japon

· 9 pays asiatiques connectés

· Implémentation active d’IPv6 (commune avec l’INRIA et NRL)

· Projets de recherche applicative

– Vidéo, multicast

– Qualité de service

– Formation

– Contrôle à distance

Quelques applications

· Ateliers de travail distribués vers de nombreux points

· Vidéo numérique sur IPv6 (codage-décodage temps réel ; ou utilisation d’une caméra DV du marché)

· Formation à distance : slides, cours en vidéo (cours d’informatique commun entre Keio et une université américaine)

Budget et sources de financement

· WIDE : 3-4 M$/an fonds privés

· Gigabit project : payé par le gouvernement

· WDM : plutôt opérateurs privés, vers 5 M $ par an

Internet 2 : nouveautés, succès, perspectives

Douglas van Houweling (PDg d’UCAID, Internet 2, Etats-Unis ; dvh@internet2.edu)

Mission

Accélérer la création de l’Internet de demain

· Faciliter la création de nouvelles applications

· Faciliter la diffusion dans l’internet commercial

· Centré sur les technologies réseau ET les applications avancées

Deux réseaux physiques : vBNS, Abilene. 2,5 Gbps par réseau, accès 155 Mbps à 2,5 Gbps. Pas congestionnés pour l’instant.

179 universités aux Etats-Unis.

Plus 75 membres entreprises dont une vingtaine ont investi plus de $ 1 M.

Vaste réseau de partenaires internationaux (dont DANTE et TERENA en Europe, RENATER en France).

Point d’interconnexion : STAR TAP Chicago et quelques autres points (de plus en plus distribué).

Applications récentes

· Accès direct à distance aux observatoires de Hawaii

· SPARC : collaboration de chercheurs sur la recherche sur l’atmosphère supérieure

Technologies réseau

· Multicast

· Authentification (PKI laboratories)

· Qbone (QOS)

· Stockage distribué

· Projet vidéo numérique

· Plate-forme d’expérimentation IPv6

· Performance de bout en bout

– Le land speed record

Le projet Middleware

http://middleware.internet2.edu/

Connecter les applications et les gens, pas seulement les ordinateurs.

· Authentification et identification

· Annuaire

· Gestion de ressources

Budget et sources de financement

· 20 M $/an yc partage de coûts Abilene

· Mais les réseaux régionaux sont financés par les universités

· Et donations de service et matériel par les entreprises

· Le budget total serait donc de 150 à 200 M $ par an

· Contribution gouvernementale aux universités 40 M $ / an, pour la connexion, interrompu mais redirigé vers le projet middleware

Conclusion

Il y a besoin de recherche publique avant de redonner la main aux entreprises  : un schéma en « escargot ».

Discussion
Comment on va vers les Petabits ?

· Technologies « tout optique » : « se rapprocher sans cesse du verre« .

· Mais le problème est la bande passante qu’on sait délivrer de manière fiable aux utilisateurs qui créeront les applications et du coup, créeront la demande pour de très hauts débits : le rôle des réseaux de recherche est de faire le pont entre les labos et l’industrie.

· Le problème de la qualité de service se pose surtout près des extrémités : il est plus facile de surdimensionner le cœur du réseau que d’offrir des très hauts débits aux extrémités.

· Cablage possible à 10 Gbps partout grâce à la fibre : la clé c’est la fibre-vers-partout.

· L’autre défi est de préserver l’ubiquité de l’Internet d’utilisateur à utilisateur.

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