Le Cnrs met les robots à l’honneur

Le Cnrs organisait début février une journée dédiée à la recherche robotique marquant l’ouverture d’une exposition ouverte au public et présentant quelques applications phares des robots dans tous les domaines.

Le Cnrs organisait début février une journée dédiée à la recherche robotique, marquant l’ouverture d’une exposition ouverte au public et présentant quelques applications phares des robots dans tous les domaines.
Par Cyril Fievet

Dans son introduction à la manifestation, Antoine Petit, nouveau directeur scientifique du département STIC (Sciences et technologies de l’information et de la communication) du Cnrs insistait sur « l’exemplarité » de la robotique en tant que sujet de recherche. « La robotique est emblématique des recherches que l’on veut mener au Cnrs dans le domaine des STIC, d’une part car elle combine de multiples disciplines (technologies, sciences de la vie, mécanique, aussi bien que sciences humaines et sociales), d’autre part car elle est exemplaire en matière de collaboration entre chercheurs académiques et industriels, et en matière de coopération transfrontalière », résumait-il, ajoutant que « la multiplicité des applications industrielles et sociétales de la robotique est considérable ».

Antoine Petit a également reconnu que le Cnrs avait peut-être négligé la recherche robotique : après un premier programme de soutien (ARA, Automatique et robotique avancée) de 1980 à 1985, il aura fallu attendre 2001, avec le début du programme Robea (Robotique et entités artificielles), pour « redonner un coup de fouet à la recherche robotique ».

Le programme Robea (http://www.laas.fr/robea), présenté par son directeur Malik Ghallab, a apporté son soutien à 32 projets de recherche de nature très diverses. Sur la base d’une assistance financière de 110 000 euros par projets, le budget total du programme s’est monté à 4,5 millions d’euros.

Quelques uns des projets phares soutenus par Robea ont été présentés, dans des domaines aussi variés que l’exploration (terrestre ou spatiale), la circulation automobile automatisée, la nanomanipulation, ou le médical.

Dans ce dernier cas, la robotique chirurgicale est une discipline dans laquelle la France semble « être en avance », comme le souligne le Cnrs. Ainsi, le projet Irasis a porté sur le développement d’un robot « d’insertion d’aiguille sous imagerie scaner » : le bras robotisé contrôlé par le chirurgien sert à accéder et à détruire des tumeurs cancéreuses, au sein d’organes déformables et en mouvement. Le projet Marge, très avancé, a lui aussi des applications multiples, en matière de chirurgie endoscopique, notamment pour des interventions à coeur battant : le dispositif robotisé ne rend pas nécessaire l’ouverture du thorax du patient, et assiste le chirurgien en s’adaptant aux violents mouvements cardiaques qui rendent le geste chirurgical très délicat. Globalement, « il y a un bel un avenir pour des systèmes d’assistance aux gestes chirurgicaux, qui seront miniaturisés, très spécialisés, peu coûteux et faciles à mettre en oeuvre », estime Etienne Dombre, du Laboratoire d’informatique, de robotique et de micro-électronique de Montpellier. L’expérimentation animale du système Marge pourrait d’ailleurs débuter « prochainement ».

Dans un autre domaine, la robotique humanoïde, il a été rappelé l’importance de la signature en décembre dernier (http://www.01net.com/article/224699.html) d’un accord avec le Japon, autour de la plate-forme japonaise HRP-2 (Humanoid Robot Project). L’accord a donné naissance au JRL (Joint Robotics Laboratory), un laboratoire commun entre les deux pays (http://www2.cnrs.fr/presse/communique/379.htm). Le Cnrs n’exclut d’ailleurs pas d’acquérir un exemplaire du robot, l’un des humanoïdes les plus aboutis au monde, dont le prix est estimé entre 300 et 400 000 euros. Au total, la plate-forme HRP aura coûté entre 250 et 300 millions de dollars au Japon, et pour le Cnrs, « c’est une chance que des chercheurs français puissent l’utiliser, mais c’est aussi une marque d’intérêt pour la recherche française, de la part des japonais ». Le Cnrs a par ailleurs présenté plusieurs robots bipèdes ou humanoïdes, notamment Robian, un prototype modélisant avec finesse les déplacements d’un enfant de sept ans, et pouvant servir, notamment, de plate-forme de test de prothèses physiques.

Cyril Fievet

L’exposition « Les robots sur tous les fronts » est ouverte au public du 3 février au 26 mars 2004 (mais certains robots ne seront présents que jusqu’au 16 février 2004) : CNRS, 3 rue Michel-Ange, 75016 Paris, http://www.cnrs.fr/STIC/Actions/Evenements/EVENEMENTS/2004/ExpoRobots/ExpoRobots.htm

A noter cet excellent article du journal du Cnrs, présentant un panorama des applications de la robotique : http://www2.cnrs.fr/presse/journal/1106.htm

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