Des pistes pour le dialogue entre scientifiques et citoyens

Le gouvernement britannique vient de lancer un intéressant projet, baptisé Science Horizons dont le but est d’instaurer « un dialogue public sur les implications des développements futurs de la science et de la technologie« . L’objectif est de faire participer les citoyens, au travers d’un dialogue en amont avec les scientifiques, à la définition des objectifs et des priorités de la recherche scientifique et de la recherche-développement technologique. La démarche associe des débats publics relativement classiques, des « panels délibératifs » composés de citoyens qui prendront le temps d’explorer certains sujets avant d’en débattre en petits groupes avec les scientifiques, et des outils, bases d’information et circuits de communication pour permettre à n’importe quel groupe de citoyens de se saisir d’un sujet, de le discuter et de partager ses conclusions. « Nous ne disons pas au public ‘voici ce que sera le futur, qu’en pensez-vous ?’, mais ‘voici ce qu’il pourrait être, que souhaitez-vous ?' », explique l’un des animateurs du projet à la BBC.

Affiche antinano placardée dans les rues de Grenoble en juin dernierCe projet s’inscrit dans le cadre d’un programme gouvernemental ambitieux intitulé ScienceWise, dont l’objectif est d’aider à « bâtir la responsabilité et la capacité du gouvernement à s’engager dans un dialogue public sur les enjeux des grandes questions scientifiques ». Parmi les projets qui discutent de l’impact sociétal des nouvelles technologies, le gouvernement britannique a soutenu notamment les « nanodialogues », mis en place par le think tank Demos, sur la question des nanotechnologies. De cette expérience, Demos en a rapporté une étude intitulée « Governing the nanoscale » et un petit film, qui théorise la démarche consistant à faire « remonter en amont » (upstream) l’implication des citoyens dans la recherche scientifique – au niveau des hypothèses, des imaginaires et des objectifs, et non plus des conséquences.

\"Ne donnons pas vie aux machines\"Des projets d’autant plus intéressants quand on sait que faire dialoguer citoyens et scientifiques n’est pas toujours facile. On se souvient de l’opposition à l’inauguration de Minatec qui a eu lieu en juin dernier à Grenoble, ou plus d’un millier de personne a manifesté contre les « nécrotechnologies ». Pour essayer de rétablir un dialogue, VivAgora, l’association éditrice de l’excellent VivantInfo, a été mandatée par le Centre de culture scientifique et industrielle de Grenoble pour prolonger les explications déjà engagées par ce dernier et organiser un cycle de débats sur les nanotechnologies à Grenoble. Un point de départ utile, mais en l’absence d’une démarche plus construite de dialogue en profondeur et dans la durée, qui est cette fois du ressort des pouvoirs publics, une série de conférences-débats de 2h30 ne suffira peut-être pas à créer les conditions d’un vrai dialogue.

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  1. Bien vu Hubert! Ce qui est explosif dans les nanotechnologies, ce n’est pas les nanos mais la non communication entre les chercheurs en la matière et tout un chacun. C’est à ces chercheurs, pucés – badgés – salariés, dans leurs bunkers numériques sous le sceau du secret de se libérer de leurs chaînes institutionnelles et de prendre l’initiative de communiquer sur leur travaux au fil de l’eau de manière humaine: essais, erreurs, doutes, intuitions, travaux patients, solitude et éclairs fulgurants. Nul besoin d’orchestrations spectaculaires pour cela. Une petite ligne ADSL suffira.