Les (vraies) autoroutes de l’information

« Pensez-vous qu’il faille relier les PDA et téléphones mobiles aux véhicules, afin d’en favoriser les interactions ? » Telle est l’une des nombreuses questions posées par la Commission européenne, qui vient de lancer une consultation publique dans le cadre de son plan d’action sur le développement des systèmes de transports intelligents (ITS). Le questionnaire vise également à savoir s’il convient, ou non, de développer une plateforme commune de standards ouverts, ou bien des systèmes séparés, et propriétaires.

Our hardware runs better without windowsL’enjeu est de taille : dans le premier cas, à la manière de ce qui se passe sur l’internet avec l’open source, le développement des applications pourra être mutualisé, leur sécurité renforcée, et l’économie de l’ensemble dynamisée. Dans le second cas, on en restera au modèle actuel de l’industrie automobile, qui rend les utilisateurs d’autant plus dépendants de la marque de leurs véhicules que les systèmes « intelligents » embarqués ne peuvent être dépannés que par des garagistes dûment agréés.

A contrario, on peut aussi se demander si le modèle de développement des services informatiques ouvert peut s’appliquer à l’industrie automobile, ce dont s’étaient permis de douter les publicitaires de BMW. La (fausse – c’est un hoax, une pure invention, mais elle n’en est pas moins intéressante) réponse hilarante du PDG de General Motors à Bill Gates sur les mérites de leurs technologies respectives, résume bien les doutes assez légitimes des industriels. La Commission note ainsi que les problèmes de responsabilité légale et de protection de la vie privée font partie des principaux thèmes de réflexion, au vu des risques encourus, de son plan d’action.

Les systèmes de transports intelligents : clos, fermés et propriétaires

Pour Robin Chase (bio), présidente de Zip Car, une société de location de voiture en partage, GoLoco, un service de covoiturage en ligne, et de la société de conseil spécialisée dans les transports MeadowNetworks, l’enjeu est aussi climatique. Pour elle, la lutte contre la pollution et la surconsommation de pétrole passe aussi par le développement du co-coiturage et des réseaux sociaux de transport partagés (elle en a créé deux sociétés, Zip Car et GoLoco), mais aussi par le développement du wifi, ou, plus précisément, des réseaux mesh.

Son argumentaire contre la pollution est également économique : elle oppose ainsi « le reste du monde« , qui se met massivement aux réseaux et aux standards ouverts, à la convergence et à l’interopérabilité, et les systèmes de transport intelligents qui, eux, restent en mode fermé, sinon en vase clos, propriétaires, centralisés et empêchant donc tout développement à grande échelle et bon marché.

Elle propose ainsi de commercialiser, auprès du grand public, des « boîtes blanches » permettant de créer un réseau sans fil maillé « open source » (mesh network) entre les voitures. Le but : mutualiser la gestion du trafic, en répartir les coûts auprès des usagers, en réduire les frais de maintenance, mais aussi en améliorer les performances, et, in fine, fournir, gratuitement, une myriade de points d’accès Wi-Fi à l’ensemble des grandes villes.

Caméras de vidéosurveillance chargées, à Lyon, d’aider à la régulation du trafic

Caméras de vidéosurveillance chargées, à Londres, d’aider à la régulation du trafic – par jeroen020 (flickr).

Dans son questionnaire, la Commission se demande elle aussi si les bénéfices ne sont pas également à chercher du côté de l’information en temps réel, de l’impact environnemental et, bien évidemment, de la sécurité, tant des usagers que du point de vue des forces de l’ordre. Robin Chase imagine ainsi que son système pourrait également permettre la création d’un maillage plus fiable (et GPS) que les radars et autres systèmes de (vidéo)surveillance automatisés pour détecter les infractions.

En attendant, et si les limitateurs de vitesse et radars automatiques comptent parmi les premiers déploiements à grande échelle des ITS, ils ne sont jamais que la partie immergée de l’iceberg : à terme, les capteurs seront partout, ou presque, et intégrés tout autant dans les véhicules que le long des infrastructures, aux péages (qui seront électroniques), aux feux de signalisation (qui, tout comme les carrefours, les panneaux et les limiteurs de vitesse, seront « intelligents« ).

Des voitures sans volants, ni pédales, ni chauffeur

Ils permettront le développement de systèmes d’alertes entre véhicules, mais aussi de détection automatique des incidents. Ils fluidifieront la gestion du trafic, ainsi que celle du stationnement, sans parler de tous les gains espérés en matière de fret (cf la liste établie par la Mission « Transports Intelligents » du ministère des Transports, ou encore celle de l’Union Européenne, orientée navigation par satellite, une des priorités de la prochaine présidence française de l’Union).

RobosoftSans oublier, non plus, qu’il est aussi fortement question que les voitures du futur n’aient « ni volants, ni pédales, ni chauffeur ». L’équipe d’Embouded, le logiciel du programme RobuCab, un voiture « autonome » que nous évoquions en août 2006, vient d’annoncer avoir réussi à développer un système à la fois plus robuste et plus intelligent… deux missions pourtant perçues, initialement, comme contradictoires, dans la mesure où le système connaît l’objectif à remplir, mais pas comment y parvenir.

Voir aussi les précédentes consultations de la Commission, portant sur la biométrie et la RFiD.

À lire aussi sur internetactu.net