Un manifeste pour la géographie numérique

Jonathan Raper (blog), fondateur du Centre d’information géographique, spécialiste des systèmes d’information géographique et éditeur de la revue des services basés sur la localisation, est professeur au département des sciences de l’information à l’Ecole d’informatique de l’université de la ville de Londres. Il vient de publier dans le dernier numéro du Receiver, le magazine de Vodafone, consacré à l’information localisée, une nouvelle version de son « manifeste pour la géographie numérique ».

L’auteur y dénonce quelques présupposés de l’information géographique numérique. Notamment que « là où l’on est correspond à ce que l’on sait » ou que la géographie numérique voudrait avoir pour but de réduire le coût économique du fait de se perdre (sans chercher à démontrer ni cette affirmation, ni son coût). Il rappelle également quelques règles importantes : qu’une telle géographie doit « être responsable et en lutte pour son émancipation », c’est-à-dire qu’elle doit pouvoir bénéficier à tous, même aux aveugles ou aux seniors, comme l’explore l’un des projets du professeur Raper LBS4all.

Et surtout Jonathan Raper pose quelques questions fortes : A qui appartiennent les données de géolocalisation et les traces que l’on laisse ? Qu’en est-il des systèmes de régulation ? Si l’information géonumérique donne du pouvoir aux lieux, comment ceux-ci se régulent-ils par rapport à d’autres – et qui décide que tel lieu peut devenir prioritaire sur d’autres, en terme d’information ?

Quelles sont les limites à ce que l’on peut géographiquement connaître ? Peut-on imaginer une infobésité géographique qui démultiplierait l’accès au moindre capteur géolocalisé – comme l’illustre le projet Pachube, un projet qui se propose de recenser et cartographier tous les capteurs physique ?

Les connaissances et compétences des utilisateurs de systèmes basés sur la localisation sont différentes. Les utilisateurs par exemple naviguent plus vite avec un appareil mobile utilisant une interface de réalité virtuelle par rapport à une carte, mais l’interface en réalité virtuelle demande plus d’efforts pour la prendre en main, comme le montre les résultats du LocusProject développé par l’équipe du professeur Raper. L’Institut de recherche en ergonomie et sécurité de Loughborough a monté par exemple que la plupart des interfaces de navigation automobiles exigent d’importantes ressources cognitives qui ont tendance à distraire les conducteurs. Une conclusion qui rappelle que nos capacités à avoir des représentations spatiales sont différentes les uns des autres, et que les développeurs devront répondre à une demande variée et fragmentée, permettant la personnalisation des profils et des outils.

Signalons dans ce même numéro une intéressante synthèse sur le développement de la cartographie collaborative en ligne signée Sean Gorman qui retrace l’historique des contenus cartographiques générés par l’utilisateur et comment nous sommes passés des géographes aux programmeurs.

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  1. Intéressants compléments à puiser sur Baliz-media.com, qui propose une analyse intéressante de cette géographie 2.0 : 1ère partie, 2nde partie :

    « La géographie 2.0 se définie donc selon un double processus. Un premier touchant à l’appropriation et l’apprentissage de l’espace et un second redéfinissant les pouvoirs de la géographie. »