Utiliser le cerveau pour le faire évoluer

Dans un débat sur le posthumain qui tend à s’enliser dans les arguties quasi théologiques sur la Singularité ou la machine intelligente, Mark Changizi explore une voie originale.
Ce spécialiste des neurosciences évolutionnistes, dirigeant la section « cognition humaine » au 2ai Labs, n’est pas complètement inconnu des lecteurs d’InternetActu. Il a dirigé l’équipe qui s’est penchée sur les étonnantes ressemblances entre la structure d’une ville en développement et celle du cerveau humain.

L’avenir n’est ni à la Singularité, ni au cyborg !

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En avant-goût de son prochain livre Harnessed (qu’on pourrait traduire par « Domestiqués »), Mark Changizi a publié dans un « manifeste » dans Seed Magazine et quelques autres articles, notamment dans Wired et surtout Forbes, où il tient depuis peu une chronique régulière.

Pour lui, les spéculations sur un posthumain hybride associant homme et machine, voire l’idée de l’humain purement et simplement remplacée par son équivalent artificiel, n’ont guère de chances de se réaliser. Les manipulations génétiques ? Encore faudrait-il bien comprendre les liens entre phénotype et génotype, et on en est loin, rappelle-t-il. Quant aux cyborgs, esprits téléchargés et autres machines intelligentes, ce sont des perspectives encore plus futuristes : « Aussi excitantes que ces choses puissent paraître, elles ne se produiront pas. En tout cas, pas rapidement. Pas dans le prochain siècle. Probablement pas non plus dans un millénaire. Peut-être jamais », prédit-il dans Forbes. Mais de préciser aussitôt après :“Toutefois je ne veux pas que l’on croie que je suis un vieux technophobe ronchon. Je propose une vision alternative, au moins aussi romantique que celle des chats robotiques, des Intelligences artificielles émergentes ou du Borg. » Cette vision, qu’il nomme « l’humain 3.0 » repose sur la reconnaissance des capacités extraordinaires du cerveau humain tel qu’il s’est constitué au cours de l’évolution.

Car les fous de cybernétique font, selon lui, une erreur fondamentale, celle de croire « que notre intelligence et notre corps s’articulent de manière non optimale. Selon leur point de vue, la sélection naturelle serait tellement sujette aux accidents, et surchargée de contraintes liées au développement que le hardware biologique et le software ne sauraient constituer qu’une solution « tout juste correcte » et certainement pas une mécanique de précision. Du coup, il n’est pas étonnant que beaucoup d’entre eux prévoient l’avenir en partant du principe que l’invention humaine – via le génie génétique ou l’augmentation cybernétique via l’intelligence artificielle – surpassera ce que l’évolution nous a accordé et amènera ainsi notre espèce à un niveau supérieur. Ce suroptimisme effréné à propos du pouvoir d’invention humaine se retrouve aussi parmi ceux qui attendent le salut d’une singularité technologique ou qui s’imaginent que le Web pourra un jour devenir intelligent. »

Vers un nouveau recyclage neuronal pour réorganiser notre cerveau

Mais Changizi souligne que, bien au contraire, la structure de notre organisme est beaucoup plus fine, plus subtile que les techno-enthousiastes ne le pensent. Prenant comme exemple son champ d’investigation favori la vison (il a écrit un livre remarqué que le sujet, The Vision Revolution, La révolution de la vision) :

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« Par exemple, les illusions d’optique… ne sont pas des exemples des pauvres capacités du cerveau, mais, plutôt les conséquences du logiciel révolutionnaire complexe capable de produire des perceptions qui corrigent les latences neurales dans des circonstances normales. (…) Il ne s’agit pas d’un bidouillage “assez bon”, mais de quelque chose de plus que simplement intelligent. Quelque chose de plus brillant que les inventions humaines. »

La thèse de Changizi reprend entre autres les théories du scientifique français Stanislas Dehaene (Wikipédia) qui a montré comment l’évolution culturelle a été capable de « reconfigurer » d’anciennes parties du cerveau pour développer la lecture.

Un tel « recyclage neuronal », pour employer l’expression de Dehaene, est déjà intervenu selon Changizi à l’aube des temps historiques, transformant le primate hominidé en « humain 2.0 » par l’intermédiaire de trois grandes inventions fondamentales : le langage, l’écriture et la musique.

C’est cette possibilité de réorganiser radicalement notre cerveau que Changizi nomme la « domestication » (harnessing), sujet de son prochain livre. Le propre d’une telle « domestication » de nos facultés innées n’est pas de les transformer du tout au tout, mais au contraire de se baser sur leur mode d’opération pour leur donner une nouvelle dimension, un nouveau champ d’action. Ainsi, l’exemple de l’écriture. Il semblerait qu’il existe une grammaire de formes fondamentales, déjà présente chez l’enfant préalphabétisé. Dans la lignée des travaux de Dehaene, les recherches de Changizi (.pdf) ont semblé établir que ces formes constituent les briques de bases de toutes les écritures existantes. Celles-ci ne sont donc pas des créations purement « artificielles » mais l’aboutissement d’une lente « domestication » de notre cerveau.

Une telle « reconfiguration » de notre système nerveux est-elle encore possible ? Jusqu’ici, en effet, cette reconfiguration a été une propriété émergente sur laquelle nous n’avions aucun contrôle. Avec nos connaissances accrues sur le cerveau et le système nerveux, il serait peut être possible de diriger cette évolution :

« La route à l’Homme 3.0 et au-delà résultera plus que jamais de cette sorte de domestication. Bien que nous ne puissions pas facilement prévoir les nouveaux pouvoirs que nous gagnerons ainsi, nous ne devrions pas sous-estimer l’ampleur potentielle des changements possibles. Après tout, le changement de l’Homme 1.0 en 2.0 a transformé un singe intelligent en un philosophe technologique qui dirige le monde.

La question que nous devrions nous poser est de savoir si l’homme, plutôt que la nature, guidera notre transformation d’homme 2.0 en homme 3.0. »

Comment la technologie va nous y aider

Bien qu’il ne soit pas question pour la technologie de remplacer l’humain, celle-ci peut jouer un rôle fondamental dans cette « domestication ». Par exemple, Changizi est convaincu que la nouvelle technologie des écrans 3D pourrait avoir des répercussions psychologiques bien plus profondes qu’on ne le pense. A condition déjà de lui donner une meilleure définition, et de cesser de parler de « 3D » pour parler de « technologie binoculaire ». Lorsqu’on a compris cela, et sachant que la vision binoculaire a joué un rôle fondamental dans le processus d’hominisation, on peut réfléchir à son apport réel. Ainsi, la technologie binoculaire nous permettrait de restituer concrètement le fait de regarder le monde depuis la perspective d’un autre. Pour accroître cet effet, explique-t-il, il ne faudrait pas hésiter à changer la nature de l’image, inclure les parties du corps intégrées dans le champ de vision du sujet (la pointe du nez, le contour des yeux, voire les bras ou les jambes). En bref, la technologie binoculaire serait une version améliorée du bon vieux « plan subjectif » tellement apprécié dans les thrillers. Et lorsqu’on sait à quel point, être « incarné » dans un avatar virtuel peut changer notre perception, on comprend que Changizi voie là un moyen de transformation bien plus puissant qu’un simple parti pris esthétique…

Pour changer l’intelligence, il faut l’utiliser différemment

Si la plupart des spéculations posthumaines reposent largement sur une base mythologique (rappelons que le concept de « singularité » a été principalement popularisé par un auteur de science-fiction, Vernor Vinge, et que la notion d’un « web », ou pour utiliser la terminologie d’origine, d’un « cyberespace », devenant conscient est au coeur de la trilogie neuromancienne de l’écrivain William Gibson), il faut s’attendre aussi à ce que l’humain 3.0 génère et exploite ses propres mythes.

Changizi a déjà son idée là-dessus :

« Cette vision de la domestication des facultés humaines est intrinsèquement humaniste et contraste nettement avec celle des cerveaux artificiels aux relents de science-fiction.

Plutôt que par la science-fiction, mon point de vue serait plutôt illustré par un autre genre de fiction, la fantasy et en particulier la magie qu’on y trouve.

Ancienne, impénétrable et puissante, la magie de la fantasy est, par conséquent, étudiée, conservée et révérée. Et, surtout, le pouvoir de magie ne peut pas être dépassé par les simples inventions humaines. Si vous voulez battre la magie, vous devez trafiquer vous-même avec les forces occultes, exploiter les anciens pouvoirs mystiques à vos propres fins.

Les pouvoirs biologiques innés que des millions d’années d’évolution nous ont donnés sont semblables à de la magie. Anciens, impénétrables et puissants, ils devraient être étudiés conservés et révérés. Et, tout comme on ne peut vaincre la magie avec des inventions humaines, nous ne pouvons espérer utiliser des méthodes d’ingénierie pour reconstruire notre corps et notre esprit.

On a accordé à la condition humaine un nombre fini « de pouvoirs magiques, » et la meilleure manière d’avancer consiste à exploiter ces pouvoirs de nouvelle façon. Le moyen d’améliorer notre intelligence n’est pas de la changer ou d’y ajouter quelque chose, mais de l’utiliser tout à fait différemment. »

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