Coincés dans Zoom (4/4) : pourquoi allons-nous y rester ?

Alors que nous voilà plus ou moins déconfinés, notre expérience de Zoom est appelée à s’alléger. Pas si sûr !… Car même si la seule évocation de son nom vous provoque des crises d’urticaire, il est probable que Zoom soit là pour rester. Pourquoi allons-nous devoir nous habituer à cohabiter avec ce nouvel « ogre » de nos télévies ?

L’avenir de Zoom : la vidéosurveillance de notre intimité ?

Si l’on en croit nombre d’articles parus sur le sujet, l’avenir des services de visioconférence s’annonce comme une surveillance sans précédent de nos interactions. Un peu comme si, avec Zoom, la vidéosurveillance entrait réellement dans nos salons.

Pour Wired, la journaliste Arielle Pardes souligne que de nombreuses startups travaillent à améliorer nos réunions distantes, comme Headroom, lancée notamment par Andrew Rabinovich (ancien responsable de l’IA chez Magic Leap, la startup de la réalité augmentée). Headroom propose des outils pour transcrire les conversations, mesurer les temps de participation, identifier les sujets clés comme lister les actions décidées ou à entreprendre, et mesurer l’attention des participants ! Headroom vise à « résoudre la distance sociale » des réunions virtuelles en traduisant les gestes d’appréciation ou de dénégation des participants en emojis (automatiquement ajoutés à la transcription !). Le logiciel utilise aussi la très controversée reconnaissance des émotions par l’analyse des mouvements faciaux et des expressions des visages pour prendre régulièrement la température de la réunion et renvoyer aux orateurs un retour d’information en temps réel sur la portée de leurs propos ! Pas sûr pourtant que les perspectives de systèmes qui interprètent l’expression de nos visages et exigent une nouvelle discipline des corps enthousiasment beaucoup les employés.

Couverture de l'édition électronique de Pandemic MediaCette observation inédite des visages, de l’intimité de leurs expressions, s’inscrit comme un prolongement d’une culture visuelle cinématographique, explique le chercheur Guilherme da Silva Machado dans un très stimulant article pour Pandemic Media, une remarquable publication consacrée à l’analyse des effets de la pandémie sur la culture média. Dans « Zoom sur les visages : le gros-plan au travail », Guilherme da Silva Machado explique que Zoom fonctionne comme un idéal cinématographique, dont il emprunte les codes visuels. Obligées de devoir se passer des corps de leurs employés, les entreprises ont convoqué les visages pour en faire un nouveau support de la productivité. La discipline au travail, qui a toujours agi sur les corps pour améliorer la productivité industrielle, privée de leur accès, convoque désormais « les relations interfaciales ». Avec Zoom et ses succédanés, l’observation des visages devient le nouveau marqueur de l’efficacité de la communication, permettant, aussi dégradés qu’elles soient, d’identifier ou d’espérer identifier les attentes qui s’y expriment, les facteurs de satisfaction comme de mécontentement…

Le travail a toujours été un lieu d’observation des uns et des autres, disait déjà le sociologue Erving Goffman dans les années 50. Pour l’anthropologue Gregory Bateson, l’appareil organisationnel des entreprises peut-être considéré comme une combinaison de différents niveaux de communication visant à réguler les performances. Dans ce cadre, les échanges interfaciaux se comprennent comme un canal parmi d’autres par lequel circulent les injonctions productives. Guilherme da Silva Machado dresse une comparaison des outils de visioconférence avec l’utilisation du gros plan dans le cinéma, qui nous a habitués à voir « plus et mieux que l’oeil humain ». Les gros plans sur les visages (qui relèvent de la micro-physiognomonie et de la micro-dramaturgie pour le théoricien du cinéma, Bela Balázs) communiquent une forme de « complexité psychologique », une vérité inconsciente et une forme d’empathie. Pour le sociologue Richard Sennett, la modernité est l’époque où l’identité personnelle a envahi tous les modes d’action. L’identité de soi (et le self branding ou promotion de soi) est désormais convoquée pour contribuer aux réalisations commerciales : chacun est assigné à constamment observer le jugement des autres pour évaluer son aptitude personnelle. Dans ces changements constants, les signes du visage semblent mieux à même de révéler une authenticité ou une vérité que les actes ou les signes verbaux. En ce sens, les gros plans sur les visages que promettent les systèmes de visioconférence, avec leur promesse de transformer l’écran en espace de pure révélation subjective, se substituent facilement à la complexité des relations interpersonnelles, comme pour les simplifier ou les révéler plus avant. « Regarder les signes du visage permet de mieux contrôler le pouvoir de persuasion de l’organisation ». Pour Guilherme da Silva Machado, Zoom ne fait qu’améliorer les pratiques physionomiques qui se sont déployées jusqu’à présent sur les lieux de travail contemporains. En excluant les corps et l’environnement du champ d’attention, ces systèmes intensifient le scrutement des visages. Ils harmonisent l’échelle de la perception et obligent à des lectures réciproques et ininterrompues de l’intimité. « Ils transforment les espaces d’interaction humaine en espace de pure résonance psychologique ». Ils intensifient les corrélations significatives entre les visages et font en sorte que les visages se répondent d’une manière plus nécessaire, plus urgente, plus empathique encore…

Si les appareils de communication vidéo s’avèrent utiles en tant que substituts au lieu de travail, ce n’est donc pas seulement parce qu’ils favoriseraient une communication d’équipe efficace (dont on peut souvent douter, vu les critiques nourries à l’encontre de ces systèmes), mais bien parce qu’ils permettent un nouveau niveau de persuasion et de contrainte face à une crise qui provoque plus d’incertitude que d’habitude. L’espace partagé de nos visages se dévoile comme un espace « d’inter-excitation intensifié ». Tout dans le processus (le choix du plan, de l’arrière-fond, de l’angle de prise de vue…) devient « surfaces signifiantes », qu’il faut donc faire parler, interpréter… Avec la pandémie, conclut le chercheur, les entreprises ont massivement testé de nouvelles formes d’interactions sociales pour renforcer leurs réseaux organisationnels. Le contrôle vidéo qu’introduit Zoom manifeste un nouveau pouvoir disciplinaire pour générer une normalisation volontaire des comportements productifs. Et comme tout pouvoir disciplinaire, le risque est qu’il s’intensifie et se dote des modalités de surveillance nécessaire à son exercice. C’est assurément ce que promettent les nouvelles fonctions d’amélioration de ces outils, comme Headroom. Capter et analyser le sens de nos interactions réduites aux seules expressions de nos visages.

Quand l’école ou l’entreprise fait irruption dans notre intimité, le risque est fort que pour maintenir leur autorité à distance, les mécanismes disciplinaires s’accroissent, comme s’en inquiétait Carina Chocano pour le New York Times. Derrière les messages normatifs des bonnes pratiques et des bons comportements à adopter en vidéo-distance, la surveillance des corps et des comportements entre dans nos espaces privés.

Nombre d’outils promettent d’améliorer ainsi la productivité de Zoom, comme Macro, une interface pour doter ses visios d’outils collaboratifs ; Fireflies un outil d’IA qui s’intègre aux plateformes de visioconférence pour produire des transcriptions automatisées ou encore mmhmm un outil pour améliorer les effets des présentations. À l’amélioration des métriques et des fonctions, s’ajoute encore l’amélioration de l’expérience, comme le promet Rana el Kaluouby, la cofondatrice d’Affectiva, l’entreprise leader de l’analyse émotionnelle. Sur FastCompany, elle soutenait que l’analyse de l’émotion intégrée aux outils de visioconférence pourrait nous aider à nous défaire de la Zoom fatigue et remédier à l’isolement des intervenants en leur apportant des informations sur la perception qu’ont les autres de leurs prestations afin d’améliorer leur « engagement émotionnel ». À mesure que les outils de visioconférence révèlent leurs lacunes, la promesse technologique assure pouvoir réparer ces défauts en ajoutant toujours plus de technologies. Teams en introduisant l’auditorium virtuel, explique Tanya Basu pour la Technology Review a affirmé vouloir par cette innovation trouver une solution à la Zoom fatigue… Là encore, sans y parvenir vraiment.

L’avenir de Zoom : un panoptique toujours plus disciplinaire

La moins bienveillante des perspectives concerne l’analyse automatisée des réunions en visio. Quartz explique que nos téléréunions sont en train de produire, à notre insu, une bibliothèque inédite de la manière dont les décisions sont prises. En vidéosurveillant nos réunions, nous voilà capables de saisir un ingrédient essentiel du fonctionnement des organisations : ses connaissances tacites ! La transcription des réunions, via des outils comme Otter.ai ou l’analyse audio des appels téléphoniques et des interactions, comme le proposent Cogito ou Humanyze (ex- Sociometric Solutions dont nous avons beaucoup parlé), renouvellent la promesse de tirer du sens de nos interactions en vidéo pour améliorer la sacro-sainte productivité. En rendant possible l’enregistrement et l’analyse des argumentaires commerciaux que les vendeurs déploient désormais via Zoom, nombre d’entreprises tentent de produire de nouveaux traitements pour aider leurs commerciaux au prix d’une surveillance permanente, rapporte un autre article de Wired. Avec des outils comme Chorus.ai qui transcrivent les propos, là encore l’enjeu est de produire des analyses nouvelles sur les conversations, la vitesse d’élocution, le ton, la portée des arguments. Ces outils, longtemps dédiés aux seuls centres d’appels peuvent désormais se répandre plus largement et viennent doter les vendeurs d’une aide inédite. Gong, un concurrent, travaille plus précisément sur l’analyse des interactions en vidéo. Pour les professionnels du secteur de la vente, ces outils pourraient même mettre un terme aux ventes qui ne seraient pas enregistrées, tant la surveillance réserverait d’atouts. Pour le professeur de marketing Sanjog Misra (@sanjog_misra), ces outils enlèvent du mystère des ventes. « Jusqu’à présent, tout le monde pensait qu’une vente tenait surtout d’un exercice créatif, davantage axé sur la persuasion que sur l’information ». Mais ces outils d’analyse pourraient bien changer ces constats, estime le professeur de l’École d’affaires de l’université de Chicago qui a d’ailleurs ouvert un cours en ligne pour apprendre à « négocier via Zoom ».

La vidéoconférence offre un sentiment de contrôle unilatéral sur les conversations, explique Autumm Caines (@autumm) pour Real Life. « En modifiant la nature de la relation entre regarder et être regardé, Zoom modifie également la conscience que nous en avons », c’est-à-dire agit sur les relations de pouvoir. En normalisant une sorte d’autosurveillance, la plateforme banalise ce type d’aliénation. Le regard Zoom impose une illusion de contrôle individuel sur des conditions de conversation qui varient en réalité d’une personne à l’autre, et dissimule une partie de la dynamique interpersonnelle et des préjugés qui peuvent être en jeu. Cette illusion de contrôle se poursuit jusque dans l’interface… où les participants ont peu de contrôle sur la manière dont les autres les voient, chacun configurant ses écrans différemment et étant dépendant de la manière dont les rôles et les droits afférents sont attribués (voir la liste des paramètres de Zoom et les fonctions du Tableau de bord). Un hôte peut par exemple désactiver le micro d’un participant – pour autant que le participant l’ait préalablement autorisé, mais peut-on jouer de cette option quand l’hôte à une relation de pouvoir sur vous ? – ou arrêter la vidéo d’un participant. La plateforme avait lancé un outil de suivi de l’attention – qu’elle a fait disparaître en avril suite à de nombreuses récriminations – permettant de savoir si les participants utilisaient leurs navigateurs web pour surfer sur d’autres sites pendant une réunion ! Et l’ajout de fonctionnalités externes de suivi du regard ou du temps de parole promet de renforcer le côté disciplinaire de Zoom. « Le regard de Zoom instaure une paranoïa accrue sur la manière dont les conversations sont administrées, sur les personnes qui sont attentives et sur celles qui contrôleront la documentation des discussions qui ne peuvent plus être confidentielles. » Du fait de ses fonctionnalités asymétriques, « il semble clair que la technologie est créée pour des environnements de contrôle hiérarchique ». À la différence d’une plateforme téléphonique où tous les participants à l’appel ont les mêmes autorisations, Zoom donne du pouvoir aux organisateurs. L’utilisateur, lui, ne sait pas en entrant en réunion, si son micro sera automatiquement actif ou si la session sera enregistrée ni à quelles fins. Zoom institutionnalise une « norme d’incertitude », comme une menace planant sur ceux qui y participent. Les effets de Zoom sont désormais amplifiés, non seulement du fait de l’augmentation du volume des appels vidéo auxquels nous sommes soumis, mais aussi du fait de la diversité des situations dans lesquelles ils sont désormais utilisés et auxquels nous sommes contraints.

Reste qu’améliorer la surveillance biométrique de l’attention des réunions sous Zoom, n’améliorera certainement ni le bonheur au travail ni la productivité. Au contraire. Il est probable que cette surveillance demeure plus limitée qu’elle ne l’affiche, tant elle risque d’être autant invasive qu’inadaptée. Zoom a montré lui-même en reculant sur le suivi de l’attention des participants combien cette piste était éminemment sensible.

Mais l’avenir de Zoom n’est peut-être pas tant à chercher dans une surveillance inédite et toujours plus intrusive, que dans une amélioration des modalités de production vidéo.

Zoom est là pour rester, car le télétravail est là pour rester !

Dans une étude (.pdf) sur la transformation du travail suite à la pandémie, l’un des grands spécialistes de la question, David Autor (@davidautor) et Elisabeth Reynolds (@LReynoldsMITIPC), responsables du laboratoire de recherche du MIT sur l’avenir du travail (@workofthefuture), expliquent que le télétravail est là pour rester. La crise a accéléré le recours au télétravail et le télétravail ne va pas complètement s’arrêter avec la fin de la pandémie – pour autant qu’elle se termine vraiment un jour ! « La proportion des télétravailleurs télétravaillant partiellement ou principalement à domicile sera nettement plus importante qu’avant la crise » soulignent-ils avec la force de l’évidence. La « téléprésence » est une forme d’automatisation, expliquait déjà en 2015 l’historien des techniques et cofondateur de Humatics, David Mindell (@davidmindell), dans son livre Our Robots, Ourselves (2015, Viking Press, non traduit), expliquant que l’un des principaux apports de la téléprésence consiste à réduire les coûts. Pour Autor, les lieux de travail vont apprendre la même leçon : si la visioconférence est là pour rester, c’est parce qu’elle est un outil numérique comme les autres qui permet de nouveaux gains de productivité. Selon des enquêtes statistiques du Bureau américain des statistiques du travail, le travail à domicile devrait tripler et les entreprises vont trouver dans ce développement des modalités pour réaliser de nouvelles économies, d’autant plus nécessaire avec la crise économique qui devrait succéder à la pandémie.

Reste à savoir à quel niveau ce télétravail va-t-il se situer ? En France, en 2016, on estime qu’il était proche de 2 % (16 % dans les entreprises technologiques). Selon une enquête de l’Ifop, le télétravail n’a pas touché les actifs de la même façon, selon qu’ils sont cadres ou ouvriers, rappelle une lettre de la direction générale du Trésor. Selon la direction de l’animation de la recherche des études et des statistiques relayée par le Monde, le télétravail dépend également de la taille des entreprises, mais l’accélération est désormais d’autant plus culturelle que nombre d’entreprises qui s’en prévenaient y ont eu recours.

Si l’on en croit Xavier de Mazenod – infatigable animateur de ZeVillage (@zevillage), un site qui se consacre depuis 2004 à la question du télétravail -, le nombre de télétravailleurs serait depuis longtemps sous-estimé, et concernerait probablement quelque 20 % de la population active, ce qui peut sembler exagérément haut. À défaut de chiffres précis, Mazenod pointe vers une remarquable analyse du cabinet d’études McKinsey qui entre dans le détail des mutations du télétravail. Elle souligne que son potentiel est plus déterminé par les tâches et les activités que par les professions. Pour McKinsey également, les modèles hybrides de travail vont persister bien au-delà de la pandémie. « Le virus a cassé les barrières culturelles et technologiques à l’encontre du travail distant ». Même si les vaccins permettent d’envisager que les choses pourraient revenir à la « normale », si le télétravail se maintient au niveau qu’il a connu avec la crise, cela signifie que 3 à 4 fois plus de personnes travailleraient à domicile, ce qui aura des impacts profonds sur les économies urbaines, les transports, les dépenses estime McKinsey, rejoignant la encore les conclusions de l’étude de David Autor.

Carte des activités selon leur potentiel à être télétravaillé par McKinseyReste que plus de la moitié de la population active n’a pas ou peu de possibilités de travailler à distance, souligne l’étude de McKinsey. Le fait que le télétravail perdure ou pas dépend à la fois de sa qualité et de la souffrance qu’il génère ou pas et de l’équité ou du respect des droits, comme dans le cas des tribunaux qui ont pu y avoir recours. L’étude distingue ainsi le potentiel de travail à distance selon un potentiel minimum (sans perte de productivité) et maximum (malgré une perte de productivité ou des effets secondaires néfastes).

Le potentiel de travail à distance selon les activités qui peuvent se faire sans perte de productivité se concentre selon l’étude dans quelques secteurs comme la finance et les assurances qui ont le potentiel le plus élevé, ainsi que la gestion, les services aux entreprises et les technologies de l’information : des secteurs qui se caractérisent également par une forte proportion de travailleurs diplômés. Enfin, l’étude souligne que les possibilités de travail à distance varient aussi d’un pays à l’autre, en faveur des économies les plus avancées. Une autre enquête de McKinsey soulignait que dans tous les secteurs, la disponibilité à envisager le télétravail s’était considérablement ouverte, et permettait d’envisager des modèles plus hybrides qu’ils n’étaient jusqu’alors. L’impact principal pourrait porter sur la réduction des espaces de bureaux des entreprises, une perspective d’autant plus probable que leurs coûts pèsent lourdement dans les budgets des organisations alors que nombre d’entre elles ont constaté que la productivité à distance ne s’était pas nécessairement effondrée, comme elles s’y attendaient. En tout cas, le temps passé à travailler a augmenté, souligne une étude de la Business School de Harvard qui montre que le temps de travail a augmenté, que le nombre de mails a augmenté tout comme le nombre de récipiendaires ainsi que le nombre de réunions (mais que le temps passé en réunion, lui a diminué, venant un peu contredire l’effet de réunions continues si souvent décrit). Dans la perspective d’un télétravail plus fort qu’il n’était, assurément, l’outil phare du télétravail est là pour rester.

Zoom, nouveau Gafam ?

Comme le rappelle TechTrash (@techtrashfr), la crise sanitaire a fait voler en éclat la morosité de l’économie numérique. Les entreprises du numérique sont désormais à la fête ! Celles de la livraison bien sûr, mais également celles qui proposent des services numériques sur lesquelles le monde s’est précipité (même Airbnb, qui a pourtant souffert depuis la restriction des déplacements, voit sa valorisation portée au pinacle !). « Au 3e trimestre 2020, les startups américaines ont amassé 36,5 milliards de dollars (+30 % par rapport à l’année précédente), et ont levé 223 « méga-rounds » de 100 millions de dollars ou plus sur l’ensemble de l’année. Mais c’est surtout le rythme auquel elles amassent des dollars qui inquiète : en temps normal, les startups lèvent des fonds tous les 12 à 18 mois, mais avec la concurrence acharnée pour les arroser de cash, ce délai est passé à trois/six mois. » Le boom n’est pas lié seulement à la demande accrue de produits numériques : la crise économique – qui ne semble pas vraiment toucher les marchés financiers pour l’instant – fait que les investisseurs cherchent des rendements toujours plus actifs, ce que seuls les produits numériques semblent encore proposer dans une économie en berne.

Dans cette folie, les solutions de visioconférences ont connu une frénésie d’investissements inégalés, comme Hopin, une startup d’évènements virtuels, évaluée à 2,1 milliards de dollars, soit 77 fois plus qu’il y a un an, rapporte le New York Times ! Même chose pour Discord ! Zoom n’est pas en reste : sa valorisation est passée d’un milliard de dollars à 116 milliards ! Comme le met en évidence une affolante infographie de TNMTou celles-ci, plus anciennes -, la vidéoconférence a dévoré le marché du déplacement en avion qui a été brutalement arrêté par la crise pandémique. La valorisation de Zoom dépasse celles des 15 plus grandes compagnies d’aviation (qui se sont bien sûr effondrée cette année) ! Certes, les voyages ne sont peut-être pas tout à fait morts, mais à mesure que leur fermeture se prolonge, leur réouverture aux niveaux où ils étaient avant la crise s’éloigne. Zoom et ses succédanés sont devenus incontournables, aussi nécessaires qu’avaient pu se rendre les acteurs majeurs des technologies, les fameux Gafam. Les solutions de visioconférence vont rejoindre les meilleures valorisations financières du numérique. Elles s’imposent comme des outils aussi indispensables que ceux des Gafam. En un an, Zoom est devenu aussi inévitable que les outils que nous utilisons tous les jours. Dans la pyramide des besoins numériques, Zoom risque d’être aussi obligatoire que d’avoir un compte Facebook.

Comment Zoom a mangé l'industrie de l'aviation
Image : Comment Zoom a mangé l’industrie de l’aviation, via TNMT.

Zoomer ou se déplacer ? Vers un internet toujours plus télévisuel !

Le télétravail a montré que les déplacements et la mobilité étaient peut-être bien plus dispensables qu’on ne le pensait jusqu’alors. Confrontées à des choix économiques plus marqués, notamment du fait des contraintes économiques liées à la crise à venir, les organisations ont découvert le potentiel d’économie que permet le travail à distance. Assurément, quand ils reviendront, elles vont chercher à rentabiliser les déplacements, à être plus sélectifs qu’elles n’étaient.

Les entreprises sont pragmatiques et sont toujours à la recherche d’économies et de maîtrise de leurs coûts. Zoom a démontré, plus que d’autres outils, qu’il permettait aux réunions et conférences d’être moins chères qu’elles ne l’étaient jusqu’alors. Ce constat, nombre d’entreprises ne souhaitaient pas le faire avant la crise sanitaire, mais le télétravail forcé le leur a mis sous les yeux. De la possibilité de libérer des mètres carrés de bureau dans un moment où la chasse aux coûts avec la crise économique qui s’annonce plus féroce que jamais, à la possibilité de tenir des conférences et réunions en ligne pour un coût bien moindre que de les organiser en présentiel, les outils de visioconférences, malgré toutes leurs limites, viennent de démontrer une forme d’efficacité qu’on ne leur prêtait pas avant la crise.

Avec Zoom, tout le monde s’est rendu compte qu’organiser un évènement en ligne est bien moins cher. Le collectif des Designers Éthiques (@designethique) a publié plusieurs articles pour comparer les éditions précédentes de leur conférence annuelle, Ethics by Design (blog), notamment entre la version en présentielle de 2019 et l’édition en ligne qui a eu lieu à l’automne 2020. Financièrement, il n’y a pas photo ! L’évènement en ligne a été bien plus bénéfique pour la petite association. Même en accroissant considérablement le budget de la production audiovisuelle : le constat est sans appel ! Organiser un évènement en ligne est bien plus rémunérateur qu’organiser un évènement physique. En terme d’audience aussi, le changement est fort : le nombre de participants a explosé… et avec la disponibilité des replay vidéo, l’audience globale est décuplée.

Sous la contrainte, tous les évènements ont basculé dans l’internet. Les rares webinaires d’antan ont fait place à des sollicitations désormais quotidiennes et innombrables. Leur démultiplication est telle que les évènements semblent désormais bien plus nombreux qu’ils n’étaient avant la pandémie, avec une accessibilité presque infinie. Il y a désormais toujours un zoom où se rendre ! Dans le grand bain des écrans, les évènements en ligne semblent saisis d’une concurrence d’autant plus inédite que nous perdons notre capacité de sélection entre eux : à savoir le coût à s’y rendre ainsi que le coût à y rester dès qu’on s’y ennuie. Nous voilà à zapper d’une session l’autre, composant un public distant et à moitié présent. Outre les évènements en direct, les replay et la mise à disposition de vidéos viennent prolonger cet encombrement événementiel. Reste pour les organisateurs à évaluer leurs métriques d’audience en direct et différée et l’impact de leurs évènements en ligne. Pour l’instant, l’enthousiasme est inédit : la moindre conférence a désormais plus d’audience qu’elle n’avait dans le monde réel !

Reste à ces performances à s’ajuster dans le temps. Regardez ce qu’il s’est passé dans la culture : au début du confinement, quelques artistes, privés de salles de concert ont bricolé des concerts depuis leurs cuisines. C’est déjà terminé ! Le monde de l’événementiel en ligne est déjà en train d’être révolutionné, explique Stéphane Davet pour Le Monde. Les concerts en ligne sont en train de devenir un business florissant, de plus en plus professionnalisé. L’exemple le plus emblématique étant le concert de juin du groupe coréen BTS qui a rassemblé 757 000 spectateurs payants, rapportant plus de 23 millions d’euros en deux jours, l’équivalent d’une tournée de 40 dates ! Le livestream est en passe de devenir un grand spectacle mis en scène avec force moyens techniques.

BTS en concert virtuel devant un mur de fans en téléprésence
Image : BTS sur scène lors de l’un de leur téléconcert géant… Projeté derrière eux un mur de webcams de certains des 750 000 fans ayant payé un supplément pour apparaître à leur côté ! Le système logiciel proposé aux fans permettait également de voir le concert sous plusieurs angles…

Cette évolution fulgurante montre que la visio va profondément bousculer le secteur de l’événementiel. Sa principale évolution promet surtout de devenir une production télévisuelle pointue mobilisant des techniques des réalisations sophistiquées. Pour reprendre la métaphore du cinéma que déployait Guilherme da Silva Machado, l’avenir de Zoom risque surtout de ressembler de plus en plus à des productions de show télévisuel avec des modalités d’interactions inédites. Les séminaires en pyjama vont se professionnaliser. On le voit déjà : les téléréunions sont de plus en plus organisées, préparées, nécessitant du personnel pour gérer les interfaces comme les participants. Leur efficacité d’ailleurs est directement corrélée à la quantité de petites mains qui gèrent le back office de la réunion. Demain, elles dépendront plus encore des moyens de production télévisuels déployés pour les améliorer : équipes de tournage, caméras et webcams HD permettant de faire varier les plans pour soutenir la concentration, production digne d’émissions de télévision… Les séminaires en canapé vont se professionnaliser au risque de ringardiser très rapidement les solutions bricolées que nous connaissons. Les conférences depuis la webcam de sa cuisine risquent d’être vite délaissées au profit de productions de plus en plus professionnelles, à l’image de ce qu’ont produit les Mooc, avec des interventions très scriptées et des moyens qui cherchent à s’aligner avec les standards télé, augmentés de capacités interactives.

Le Web Summit de Lisbonne, par exemple, l’une des grandes conférences tech, vient de tenir sa dernière édition complètement en ligne, avec force canaux vidéo et application dédiée pour réseauter. Pour Paddy Cosgrave (@paddycosgrave), son responsable, l’avenir des conférences est en ligne ! Leur enjeu ne sera pas seulement de diffuser des contenus vidéo, mais également d’améliorer les interactions et la mise en relation des participants. Si pour lui, le virtuel ne remplace pas le présentiel (l’évènement devrait revenir en présentiel en 2021), l’avenir est à des solutions hybrides, proposant des contenus vidéo de qualité, notamment dans leurs modalités de production. Pour lui, pourtant, la qualité du contenu reste une excuse, l’enjeu à l’avenir est de parvenir à proposer des modalités de mise en relation des participants, explique-t-il après avoir travaillé à une solution applicative dédiée qu’il propose désormais à d’autres organisateurs de conférences. Au dernier WebSummit d’ailleurs, l’une des conférences prophétisait que les évènements hybrides étaient là pour rester.

Dans une concurrence attentionnelle inédite, en ligne et en vidéo, l’enjeu semble bien celui d’une professionnalisation, à l’image des youtubers, devenus avec le temps des professionnels du montage, de la prise de vue, et surtout de la mise en scène de soi, pareils à des acteurs. À l’avenir, nous ne serons peut-être pas appelés à devenir tous youtubers, mais assurément, nous allons tous devenir des zoomers, sommés d’acquérir les compétences de représentation indispensables pour nous mouler dans un internet de plus en plus télévisuel !

La zoomification : nouvelle ubérisation !

Zoom est désormais partout. Il a colonisé (certainement plus rapidement encore que bien d’autres outils) nos pratiques numériques. Il a dévoré le monde réel, comme disait Marc Andreessen. La crise pandémique a accéléré le recours à l’internet, permettant aux acteurs du numérique de battre des records financiers inégalés. En se dotant d’un nouvel outil, d’une nouvelle plateforme, le capitalisme numérique étend à nouveau sa portée et son pouvoir, comme le constatait la journaliste altermondialiste Naomi Klein en pleine crise sanitaire. L’économie numérique prospère grâce à de nouvelles formes de dépossession, disait l’activiste et documentariste Astra Taylor (@astradisastra) pour Logic Mag. Travail, école, santé, sport, culture… tous les secteurs sont désormais dévorés par la visio, prolongeant et renforçant des évolutions qui lui précédaient. Même les alcooliques anonymes ont découvert des vertus à Zoom, rapporte le New York Times. La télésanté, qui n’avait jamais vraiment décollé, semble désormais là pour rester. L’ajout de fonctionnalités vidéo se développe jusqu’aux applications de rencontre. Même la rencontre impromptue avec des inconnus cherche à se réinventer en vidéo. À l’heure où tout le monde est sommé de se réinventer en ligne, dans une « économie des passions » qui ressemble à une accélération de l’économie des petits boulots (Gig Econmy), trop nombreux sont ceux qui semblent penser que le monde réel est facultatif, qu’une salle de sport peut-être remplacée par un entraînement distant. Même la justice semble avoir basculé, comme s’en inquiétait pour The Crime Report, côté américain, la sociologue Sarah Lageson (@sarahlageson), auteure de Digital Punishment (oxford University Press, 2020, non traduit), ou côté français, des associations et syndicats d’avocats et magistrats, craignant assez légitimement qu’une ligne rouge ne soit franchie en rendant possible l’utilisation de la visio dans les procédures judiciaires. Le risque, ici aussi, c’est que l’adaptation temporaire à des conditions exceptionnelles, créée une banalisation qui engendre un changement de paradigme définitif et dénature « un lien d’humanité », une présence physique inaltérable. Le Conseil d’État a suspendu la comparution des accusés par visioconférence lors des procès d’assises, rappelant le rôle primordial de l’oralité des débats et les principes fondateurs de la présence dans le droit des accusés, rappelle Mediapart. À croire que seule la justice semble s’être rappelé que la présence a un caractère indépassable… Enfin, elle n’est pas la seule, rappelons que pour les « services essentiels » aussi, la présence physique a été entérinée comme absolument nécessaire et indépassable ! Le plus surprenant finalement, c’est de constater que dans cette classification entre ce qui relève de l’essentiel et le reste, nous ayons pu penser que la présence physique aux autres et les liens sociaux pourraient ne pas l’être.

En attendant que le monde rouvre les yeux sur l’importance indépassable de la présence, la visio va continuer à s’imposer. Tout comme Facebook ou Google, elle est appelée à devenir l’un des nouveaux ogres de nos télévies. Depuis Zoom, l’internet est en train de se « télévisionner » un peu plus.

La vidéo en ligne avait déjà colonisé l’internet, comme le souligne un article du groupe de capital risque Andreessen Horowitz sur l’avenir de la vidéo, qui prédit l’arrivée d’une seconde génération de produits vidéo, plus participatifs, que nous ne regarderons plus passivement, mais auxquels nous contribuerons activement. Pour Connie Chan (@conniechan), la vidéo est appelée à devenir « l’épine dorsale d’une toute nouvelle série de plateformes verticales » : conférences (à l’image de Run The World), salles de classe (voir par exemple ZipSchool, qui propose des leçons interactives et vidéo pour les plus jeunes) rencontres, rendez-vous médicaux, cours de sports, de danse (avec Steezy ou Tangdou) ou de musique (à l’image de la startup chinoise Peilian)… Sans compter que d’autres outils, comme Mux ou Descritp permettent aussi d’intégrer des fonctionnalités vidéo ou des capacités de montage simplifiées a à peu près n’importe quel autre service. « La vidéo est en train de passer de passer du statut de complément à celui d’exigence ». Connie Chan explique elle aussi que cette bascule « vidéo first » permet avant tout de réduire les coûts et de baisser les prix. En cela, cette nouvelle plateformisation est bien une nouvelle forme d’ubérisation. Le livestreaming, l’ajout de fonctionnalités vidéo, Zoom… ont pour principal effet d’améliorer les gains de productivité, c’est ce qui annonce qu’ils vont s’imposer à nous.

Le système de Peilian pour apprendre le piano dans un zoom dédié
Image : Apprendre le piano à distance, c’est ce que propose Peilian, via Connie Chan.

Reste que cette accélération inédite a révélé également très rapidement ses limites. Elle a un coût social, psychique, cognitif que nous ne savons pas mesurer ni intégrer à nos métriques d’efficacité et de productivité. La détresse des employés comme des étudiants coincés dans Zoom, se caractérise par une angoisse, une précarité inédite, mais également par une perte du sens du futur. Les perspectives que beaucoup recherchaient dans leurs activités sociales quotidiennes se sont effondrées. Leur translation en vidéo a souligné tout ce que la vidéo ne pouvait pas compenser. La mort en FaceTime, comme le montrait le terrible article de l’anthropologue Laurence Tessier, nous rappelle d’une manière à la fois concrète et allégorique que notre humanité n’est absolument pas réductible par la vidéo.

Enfin, l’intensification nouvelle de notre connectivité a profondément rebattu les cartes d’une question complexe et qu’il faudra à un moment reposer : celle de la déconnexion et de l’attention. En février 2020, juste avant la crise, nous reposions la question attentionnelle, en rendant compte de ceux qui s’alarmaient de l’omniprésence des écrans. Depuis, le monde a assurément changé. Notre connectivité exacerbée, forcée, cette injonction inédite et intense à nous projeter encore plus avant dans les écrans a certainement fait bouger bien des points de vue. La crise de notre rapport aux écrans n’était plus seulement morale, elle est devenue sociale, politique, économique, idéologique… En se montrant à nu l’obligation aux écrans a révélé les rapports de pouvoir que notre compulsion masquait. En devenant une obligation, une injonction, elle a révélé sa vacuité.

*

La sociologue Zeynep Tufekci avait raison quand elle nous invitait à regarder les fonctions latentes de l’éducation.. On pourrait les élargir à tous les domaines que la visio cherche à transformer. Nous devons mieux comprendre l’importance des fonctions latentes du travail ou de nos activités sociales, qui ne sont pourtant jamais clairement explicites. Ce que notre bascule intensive dans Zoom a montré, c’est que quelque chose d’intrinsèquement humain n’y était pas réductible. Les tentatives de substitution de l’apprentissage en ligne ont fait reculer encore plus les laissés pour compte des apprentissages, disait très justement Tanya Basu pour la Technology Review. Cette poussée inédite du numérique a fait perdre pied à beaucoup, posant des questions plus importantes encore sur le sens du futur, rejetant plus fortement encore, ceux qui ne sont pas montés dans les écrans ou ceux qui ont tenté d’y monter, pour constater qu’ils y perdaient quelque chose. Dans l’expérience que nous avons connu, beaucoup ont questionné le sens même de leur existence, le remettant en cause, n’hésitant pas pour beaucoup, à changer de voie, à déménager, à bousculer la réalité de leur existence… L’expérience de dématérialisation accélérée que nous avons connue en 2020 a incontestablement fait grossir les rangs de ceux qui doutent de ce futur qui s’est imposé comme encore plus inévitable qu’il n’était. La bascule numérique a montré à beaucoup qu’elle relevait bien d’une idéologie et d’un modèle de société. Entre la dépression et le décrochage, partout, le constat de cette expérience inédite s’est révélé accablant. C’est assurément la meilleure nouvelle. Elle va nous forcer à mieux observer la part irréductible que nos socialités et sociabilités en présentiel produisent, ce à quoi elles ne peuvent pas être réduites.

Hubert Guillaud

Retrouvez notre série « Coincés dans Zoom » :

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0 commentaires

    1. L’intérêt des articles de ce site est dans la profondeur de l’analyse, ce qui ne peut être résumé en 140 signes. Les articles au format court sont majoritaires ailleurs alors nul doute que chacun·e y trouve son compte.
      En passant, merci de cette série sur la visio. Elle m’a donné matière à réflexion.

  1. J’ai pourtant bien lu l’intégralité de l’article 🙂

    Impressionnante analyse !

    Vision intéressante de l’avenir.
    Il est certain qu’il y a un avant et un après.

    Il était temps que les entreprises prennent conscience du bien fondé du télétravail.

    Car c’est bien là la bonne nouvelle, redonner aux travailleurs une certaine liberté ou latitude dans leurs horaires et se libérer de certaines contraintes géographiques.

  2. Bonjour

    Merci pour la série d’articles (et je précise que j’ai lu jusqu’au bout:)).
    J’approuve la plupart de vos remarque. Travaillant dans le secteur de la santé (en tant que praticien), la télémédecine a un sens quand c’est utilisé pour réunir des experts et partagé des expériences (staff médicaux, vidéos d’un acte avec commentaire et soulignement des éléments important lors d’un mooc), mais pour réaliser des consultations, la perte de la présence est immense et va très certainement mener à une augmentation des examens complémentaires et des erreurs médicales (dans mon env pro proche, j’ai déjà constaté aux moins 4 téléconsultation ayant mené à un retard diagnostique).

    En vous souhaitant de belles fêtes.

  3. Désolé mais tout cet article pretend que la pandemie est là pour durer, or par nature ce dernier ne peut pas. Toutes les conclusions sont donc éphémères. Tout au plus il s’agit d’une analyse d’achat de l’action Zoom.

  4. Pour rappel, comme le souligne une tribune du mathématicien Serge Cantat pour Le Monde, souvenons-nous de ce que nous apprenaient déjà les données issues des Mooc. En 2012 déjà, les études soulignaient que le nombre d’étudiants qui les terminaient était très faible. Dans la salle de classe du futur (en ligne), les résultats ne progressent pas, disions-nous déjà. Comme le pointe l’étude récente du grand spécialiste de ces questions Justin Reich, ont peut considérer que seulement 7% de ceux qui s’inscrivent à un mooc le termine. « Apprendre à distance fonctionne mal » conclut avec raison Serge Cantat.

    1. Considérer que les MOOCs doivent offrir le même taux de réussite (?) que l’enseignement «scolaire» ne prend peut-être pas en compte la nature «libre» des MOOCs. Par là j’entends la possibilité de se considérer comme un auditeur libre, de ne venir piocher qu’une partie de l’enseignement, ou de découvrir en route que le contenu du cours ou la pédagogie de l’enseignant ne nous conviennent pas. J’adore les MOOCs mais sur la quantité que j’ai pu suivre, je pense avoir un taux de réussite de 20% et je l’assume en toute conscience. Bon, à part ça, vraiment très très très intéressants vos articles.

  5. Bonjour Hubert,
    Un grand merci pour cette série d’articles d’une finesse rare. Un travail colossal et une analyse méticuleuse. C’est un bonbon pour l’esprit et une régalade d’idées du début à la fin.

  6. Un sondage de la revue Nature montre que les scientifiques souhaitent que les vidéoconférences en ligne continuent après la pandémie. Outre le confort qu’elles procurent, la question des coûts n’est pas non plus totalement étrangère à ces choix !

  7. Voilà certainement le pire contrecoup de nos vies dans Zoom : la fermeture de l’accès et la clôture de la contestation. Nombre d’événements sont désormais fermés aux journalistes, sans questions du publics… Les événements existent toujours, mais sont devenus inaccessibles, rapporte l’AFP dans un thread sur Twitter. « L’interface est une bénédiction pour l’hyper-contrôle de ces événements ».