C’est la fin de l’écriture cursive et c’est une bonne nouvelle – Psychologik

Le psychiatre et psychologue Yann Leroux (@yannleroux) défend sur son blog l’annonce de l’abandon de l’apprentissage de l’écriture cursive par la Finlande et se distingue dans le concert des condamnations qui pleuvent sur cette annonce ou de celles qui avaient suivies l’annonce par plusieurs Etats américains de mesures similaires, confondant, comme le révèle très consciencieusement Loys Bonod l’abandon de l’écriture cursive avec celle de l’écriture manuscrite (dont il n’est pas question en fait, la Finlande et les Etats américains abandonnant l’écriture cursive (en attachée) mais pas l’écriture scripte (en bâtons). On se souvient que le neuroscientifique, Stanislas Dehaene était opposé à l’abandon de toute écriture manuscrite… mais estimait que l’école devait aussi apprendre à taper au clavier. Le psychologue met lui un peu en doute les effets de l’écriture sur la mémorisation qu’on rabat souvent : “Cependant, ces résultats doivent être pris avec prudence. Tout d’abord, la supériorité de l’écriture manuscrite peut être un effet de l’habitude. La mémorisation est meilleure parce que les étudiants ont l’habitude de travailler ainsi.

Il poursuit :

Malheureusement, ces effets bénéfiques peuvent être gâchés parce que la qualité de l’écriture est souvent associée a la qualité de la personne. L’enfant qui écrit “mal” est dévalorisé. La mauvaise estime de soi qu’il construira à cette occasion aura ensuite des effets très négatifs sur son cursus scolaire. L’écriture et son enseignement sont pris dans des logiques sociales de classe. Ils sont mis au service d’un tri des individus selon des critères qui n’ont rien à voir avec les compétences scolaires.”

Qu’apporte l’écriture numérique ? Avec elle, on trouve bien les trois étapes de l’écriture manuscrite : exécuter un geste, percevoir les résultats et s’en faire une représentation. L’enfant qui appuie sur la touche A exécute un geste, il voit le résultat de son geste sur l’écran et il doit s’en faire une représentation.

L’écriture numérique est cependant différente de l’écriture manuscrite. Tout d’abord, elle soulage du fardeau de la belle écriture. Un A en Arial 11 sera toujours un A en Arial 11 et il se présentera toujours sous sa forme parfaite et idéale. Elle est libre de la culpabilité de ne pas pouvoir ou de la honte de ne pas savoir faire.”
Il concède cependant que l’écriture numérique n’a pas à remplacer l’écriture manuscrite, mais que les enfants doivent aussi apprendre à faire cette expérience là. Et de rappeler que : “l’image du digital native qui parle la langue numérique sans avoir à l’apprendre est à situer à sa place : un mythe construit par les adultes et qui témoigne de leur refus de faire le travail de transmission de la culture.”

Comme souvent avec les arguments différents de ceux que l’on entend habituellement, il faut les lire pour entendre ce qu’ils nous disent !

MAJ : Sur Le Plus, Philippe Szykulla, professeur, prend aussi position en faveur de l’apprentissage du clavier. “Il ne faut certainement pas abandonner l’écriture. Il faut seulement lui donner une autre place” et donner du temps pour mieux dompter l’expression orale… 

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