Le défi numérique des territoires : A quand les blogs de projets publics ?

La couverture du livreCe texte est le second d’une série d’articles consacré à quelques questions nées de la préparation de l’ouvrage Le Défi numérique des territoires qui vient de paraître aux éditions Autrement (Amazon, Fnac). Ce livre, dirigé par Christian Paul, député de la Nièvre et animateur de la commission TIC de l’Association des Régions de France, a été initié et réalisé en partenariat avec l’Association des Régions de France (ARF) et la Fondation internet nouvelle génération (Fing), qui a largement contribué à son contenu. Sans se substituer à sa lecture, il nous semblait intéressant de vous faire partager certains des éclairages qui l’alimentent et qui ne manqueront pas d’alimenter vos propres réflexions.

Le défi numérique des territoires ; Réinventer l’action publique suggère une mesure simple pour créer une culture de la transparence au sein des administrations : le blog de projet public.

« Chacun, décideur ou citoyen, doit pouvoir accéder aux coulisses des services publics, savoir instantanément qui fait quoi, quels sont les objectifs visés, comment ça fonctionne, mais aussi les difficultés rencontrées, ce qui est prévu pour l’avenir, les spécifications techniques, comment s’y articuler… « .

En précurseur, la DDE de la Loire avait ouvert la voie fin 2000 avec RN19, un site de débat consacré à un projet routier. Six ans plus tard et la banalisation des blogs en plus, une bibliothécaire décide de tenir un journal de bord sur l’avancement de son projet de médiathèque. Bien que ces deux exemples soient pris isolément parmi quelques initiatives encore trop rares, finalement, qu’est-ce qui empêche la généralisation d’une telle pratique ? Pas la loi, puisque les fonctionnaires ont le « devoir de satisfaire aux demandes d’information du public », excepté lorsque s’impose « l’obligation de discrétion professionnelle »…

Dans la pratique, la transparence n’est pas toujours compatible avec la volonté des Dircoms et des élus de maîtriser toute la communication faite sur leurs projets. Pour contourner cette difficulté, Le défi numérique des territoires propose de former les agents à la publication en ligne, et de rendre systématique la tenue de blogs pour les projets dont ils ont la charge.

« Le seul échange de bonnes pratiques ne suffit plus, les projets publics doivent dialoguer entre eux en continu. Qu’il soit physique ou numérique, chaque dispositif public doit travailler à « capot ouvert » : chacun, décideur ou citoyen, doit pouvoir accéder aux coulisses des services publics (…). »

Pour aller encore plus loin, cela pourrait être un premier pas pour passer de la compilation d’informations aux systèmes apprenants :

« Les liens n’existent pas toujours entre les outils d’information et les outils d’aide à la décision (un observatoire, un tableau de bord, un système d’information géographique). Or, c’est la capacité des organisations à nourrir en continu leurs décisions à la lumière de l’information qui leur parvient qui est décisive. Cet effet « apprenant » permet de garantir une meilleure qualité de l’information, plus à jour, et d’encourager l’amélioration continue de l’organisation. »

Le journal de bord des projets publics, utopie ou effet de levier de l’administration électronique 2.0 ?

Stéphane Vincent

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0 commentaires

  1. Tenir un blog ne signifie pas passer à la transparence : le discours peut tout à fait être maîtrisé, évacuer les chiffres et les données brutes, qui devraient être publiques, pour développer des arguties communicationnelles. Publier les données, les documents de travail et d’étape, sont certainement quelques-unes des bonnes pratiques qui doivent être précisées. Car plus qu’ouvrir le capot, le risque de cette démultiplication d’information pourrait bien être aussi de noyer le moteur dans une démultiplication de communication à 2 balles.

  2. Vous avez raison, je cède à la facilité en parlant de « blog » pour qualifier ce qui me semble se situer quelque part entre un journal de bord (pour le récit des difficultés, des acquis à travers les documents de travail, les études), une fiche technique en évolution permanente (pour les spécifications techniques, les standards), un accès aux données en continu, etc. Je ne sais pas comment qualifier ça, et vous? En revanche, je n’ai pas le sentiment qu’on court le moindre risque de « démultiplication » actuellement: le moteur est déjà noyé, les chefs de projets ne publient rien, les études restent dans les tiroirs, les documents de travail dans les disques durs, et les idées dans les cerveaux…

  3. Connaissant la « partie obscure de la force » , c’est à dire les initiatives citoyennes qui se montent souvent pour évoquer des désaccords avec l’action publique, il y a une simplification du processus dans l’idée de blogs de projets…

    Si les enjeux sont bien exposés, quelques questions sont éludées : comment les internautes vont réagir à l’initiative institutionnelle ? C’est ce qui rend les chefs de projets, et les dircoms prudents… en fin de compte, ce sont les élus qui n’ont pas encore pris conscience de ces changements liés à la technique.

    Une autre question : le lecteur peut-il assimiler ces informations : temps, compétence technique, intérêt pour le processus juridique ?… Ce qui nous conduit à évoquer une double compétence : l’agent qui anime le blog doit être compétent techniquement ; il doit aussi avoir des compétences de médiation (choix de l’information, synthèse, rédaction).

    Il me reste tout un sac de questions… mais je suis d’accord sur le fond.

    Donc la phase d’expérimentation me semble nécessaire avant de généraliser et de monter des formations…