Que recouvrent les “Civic Tech” ? – Medium

Lawrence Grodeska (@grodeska), le fondateur de CivicMakers fait le point sur Medium sur la définition des “Civic Tech”, les technologies adaptées à la citoyenneté. Alors que le logiciel est en train de dévorer le monde, comme le proclame l’investisseur libéral Marc Andreessen, les relations citoyennes dans l’espace public entre les gens, les communautés, les villes, les gouvernements et les Etats, semblent résister aux avancées logicielles. Les Civic Tech sont un mouvement qui visent à revitaliser et transformer nos institutions sociales, explique-t-il, mais les définitions en proposent des interprétations assez différentes les unes des autres.

Pour Techcrunch, les Civic Tech sont des technologies visant à permettre aux citoyens ou à les aider à “rendre le gouvernement plus accessible, efficient et efficace”. Pour la Knight Foundation qui consacrait un rapport sur le sujet en 2013, le secteur doit aller au-delà des rapports entre les gouvernements et les citoyens. Pour le journaliste Alex Howard, les Civic Tech recouvrent “tout outil ou processus que les individus ou les groupes peuvent utiliser pour influer sur la scène publique”. Pour Micah Sifry, de Personal Democracy et de Civic Hall, les technologies civiques ne peuvent pas être neutres et seules les technologies qui peuvent être utilisées pour l’intérêt général et qui améliorent les conditions de vie du plus grand nombre – et pas seulement de quelques-uns – peuvent entrer dans cette catégorie.

Grodeska rappelle que les technologies civiques tirent leur origine des constats initiés par les transformations numériques appliquées aux services publics, synthétisés par le concept de gouvernement 2.0, la notion de e-gov, ce gouvernement comme plateforme conceptualisé par Tim O’Reilly, qui en appelait à transformer les services publics en plateformes permettant à chacun de créer des services pour augmenter la transparence, l’efficacité et la participation. Depuis, de nombreuses organisations comme Code for America ont porté le sujet plus avant, dépassant les limites mêmes des services publics. Des fonds d’investissements et des startups avec des modèles d’affaires stables se sont montés sur ces sujets, comme Change.org ou SeamlessDocs. Les gouvernements eux-mêmes se sont emparés de ces questions en développant des portails de données ouvertes, des responsables de l’innovation, en construisant des feuilles de routes pour structurer leurs stratégies de transformation numérique (voir “Dépasser l’Open Data” et “Construire l’Etat innovant”). Pour Tom Steinberg, le fondateur de MySociety, les Civic Tech ont pris le pas sur les notions de gouvernement 2.0 et de eGovernement.

Pour Grodeska, les technologies civiques sont le nouvel emblème pour la démocratie à l’heure du numérique, elles proposent de réintégrer le “nous” au coeur des technologies. “Dans les technologies civiques, la technologie est toujours un moyen, non une fin en soi”. Les technologies civiques comme Neighborland (une boîte à outils pour favoriser la collaboration et la participation locale), Loomio (un service de prise de décision distribué), SeeClickFix (une plateforme de communication entre les citoyens et les autorités) ou HandUp (une plateforme de dons aux sans-abris) invitent nos communautés et nos institutions à être plus équitables, plus souples, plus transparentes. Les technologies civiques mettent les gens au centre du développement logiciel, pour que celui-ci ne nous dévore pas trop, pour que les gens puissent prendre des décisions d’une manière autonome.

Reste que, comme le soulignait déjà Ethan Zuckermann (voir notamment “Comprendre les nouvelles formes de citoyenneté à l’heure du numérique”), il nous reste à comprendre ce que cette autonomie détruit dans nos fonctionnements collectifs et institutionnels.

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