Les humains derrière les chatbots

Les assistants virtuels ou chatbots ne fonctionnent pas si bien, rappelle Bloomberg. Yann LeCun, directeur du laboratoire d’intelligence artificielle de Facebook et actuel titulaire de la chaire “Informatique et Sciences numériques” au Collège de France, ne disait d’ailleurs pas autre chose lors d’un récent débat organisé par France Stratégie. Rappelant que pour l’instant, ces formes d’IA sont très limitées et ne savent pas répondre à des questions ouvertes. Si aujourd’hui, nombre de startups se lancent sur ce créneau, beaucoup exagèrent leurs capacités. Pour l’instant, soulignait-il, ce sont des agents humains qui répondent à la plupart des questions, entraînant ces systèmes d’apprentissage encore imparfaits par leurs réponses et par le recueil des questions afin de mieux identifier les types de réponses à apporter demain. Des startups qui visent plus à entraîner les IA et recueillir des données pour les faire tourner.

C’est ce qu’évoque l’article de Bloomberg, nous expliquant que derrière les interfaces automatisées, on trouve surtout des humains. C’est ainsi le cas d’Amy Ingram, l’intelligence artificielle derrière X.ai, cette startup qui vous propose d’organiser vos réunions. En fait, explique Bloomberg, pour l’instant, des contrôleurs d’IA regardent tous les e-mails que les utilisateurs envoient au système et contrôlent ses réponses automatiques. Bloomberg évoque ainsi les “formateurs d’IA”, ces gens qui “éduquent” les algorithmes. Les services de conciergerie automatisés ne sont rien d’autre, pour l’instant, que “des entreprises qui emploient des humains qui se font passer pour des robots”.

Ces deux dernières années, de nombreuses entreprises ont lancé des concierges automatisés (Magic, Facebook M, GoButler), des assistants d’achats (Operator, Mezi), des organiseurs d’agenda (X.ai, Clara)… (voir notre article : “Demain, le commerce conversationnel”). Et pour l’instant ces assistants magiques sont surtout opérés par des être humains, dans l’attente que les systèmes d’apprentissage automatisés deviennent plus autonomes, qu’ils apprennent les questions les plus courantes… Ainsi, Bloomberg nous explique que toutes les réponses de Facebook M sont passées en revue (et modifiées si nécessaire) par des opérateurs humains. Mais, pas plus Facebook que les autres ne sont très diserts sur les capacités et les limites de leurs systèmes.

Selon Bloomberg toujours, chez GoButler, les employés feraient les 3/8 pour se relayer et répondre aux demandes incongrues des utilisateurs. En attendant, pas facile pour ses startups, avec ces contraintes, de trouver un modèle économique. Certaines se préparent à lancer des abonnements onéreux pour rentabiliser leurs besoins humains, d’autres imaginent plutôt fournir des services limités qui renverront des demandes de précision fréquentes dès que les robots ne comprendront pas.

Le Washington Post, récemment, nous expliquait, lui, que les développeurs d’assistants virtuels avaient recours non seulement à des ingénieurs, mais aussi à des écrivains chargés d’aider à construire la personnalité des IA et de leurs réponses. Peut-être histoire de mieux harmoniser les réponses des opérateurs humains ;).

MAJ : Tom Simonite pour la Technology Review, revient sur le recentrage du chatbot de Facebook développé par les équipes d’Alexandre Lebrun (voir notre article). Face à la difficulté à répondre à n’importe quelle question, le robot de Messenger a été recentré sur la production de suggestions liées aux conversations, afin de pouvoir être plus rapidement déployé auprès de ses utilisateurs.

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