L’IRM pour lire des pensées complexes

En 2008, nous présentions les travaux de l’équipe de Marcel Just et Tom Mitchell, du Centre d’imagerie cognitive du cerveau de l’université de Carnegie Mellon, qui avait réussi à démontrer la capacité de l’IRM à lire des pensées simples en analysant les zones cérébrales activées lorsqu’on pense, par exemple, à un objet comme un marteau. Notre article de l’époque se terminait en signalant que les chercheurs allaient maintenant se pencher sur des pensées plus complexes, et par la phrase « réponse dans quelques mois ». Bon, en fait, ça a pris près de 10 ans, mais l’équipe de Just semble effectivement avoir franchi une nouvelle étape, présentée par le site Next Big Future (qui reprend en fait le communiqué de presse de l’université Carnegie-Mellon).

Selon Marcel Just, « l’une des grandes avancées du cerveau humain est la capacité de combiner les concepts individuels en pensées complexes, de penser non seulement à des « bananes », mais aussi à «J’aime manger des bananes en soirée avec mes amis». »

Pour arriver à modéliser de tels concepts, l’équipe a isolé un « alphabet » de 42 structures neurales correspondant à certaines significations sémantiques, comme les notions de « personne, d’environnement, de taille, d’interaction sociale, ou d’action physique ». Chacun de ces concepts étant géré par une partie différente du cerveau.

Ils ont ensuite testé leur méthode sur 240 phrases. Ils ont fait analyser par la machine IRM les 239 premières. Ensuite, ils ont soumis au système une 240e phrase, et ce dernier a analysé les zones cérébrales impliquées dans la formulation de celle-ci et à été en mesure de reconstituer son sens dans 87 % des cas. Pour vérifier la validité de leur travail, les chercheurs ont recommencé le test 240 fois, en laissant à chaque fois de côté une différente 240e phrase à des fins d’analyse par le programme.

Le système a également été capable de procéder à l’envers : en lui soumettant une nouvelle phrase, jamais analysée, il a été en mesure de prédire quelles seraient les zones cérébrales activées si quelqu’un pensait à cette dernière.

Bien entendu, il reste du travail à accomplir. Et l’équipe de Just veut aller encore plus loin, explique-t-il :

« Une prochaine étape pourrait consister à décoder le type général de sujet auquel pense une personne, par exemple la géologie ou le skateboard. Nous sommes sur la bonne voie pour cartographier tous les types de connaissances existant dans le cerveau. »

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