Négocier (avec) la surveillance électronique

Le dernier numéro de la revue Terminal consacre un dossier au contrôle social par la surveillance et les dispositifs numériques. On y trouve notamment un très bon article des sociologues Johann Chaulet (@papou31) et Camille Allaria qui nous expliquent comment les utilisateurs négocient avec les dispositifs de contrôle.

En prenant pour exemple des observations provenant d’un centre d’appel téléphonique et d’un pôle de surveillance électronique des condamnés, les sociologues examinent comment les individus surveillés tentent de jouer avec les interstices normatifs de ces dispositifs. Ils en concluent que ce sont sur les conditions concrètes de la surveillance que porte la négociation entre surveillants et surveillés, bien plus que sur les principes de cette surveillance. La technologie assure un rôle plus symbolique de cristallisateur des critiques qui ne sont plus adressées aux principes fondamentaux orientant l’action, mais à la réalité concrète et matérielle de leur mise en oeuvre. La mesure et le jugement automatisés ne sont pas le pouvoir, mais l’outil d’un rapport de pouvoir, sa justification en même temps que son camouflage, disait déjà Marie-Anne Dujarier dans “Mesurer n’est pas évaluer”. Puisque c’est en définitive avec les machines ou à leur propos que les individus négocient leur surveillance, elles deviennent logiquement le point focal de revendication. C’est en cela que la technologie devient le parfait bouc émissaire de toutes les revendications.

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