Fitcoin, faites du sport pour de l’argent – Sociological Imagination

Sur Sociological Imagination, le sociologue Chris Till (blog), revient sur Fitcoin, un prototype développé par la société américaine Chaotic Moon, une cryptomonnaie basée sur Bitcoin qui utilise votre téléphone pour miner des Bitcoins quand il est connecté à votre traqueur d’activité Fitbit. L’idée est que votre capteur de santé génère de l’argent quand vous l’utilisez (le prototype est basé sur Bitcoin, mais il peut être développé avec une autre monnaie).  

Bien qu’encore à l’étape de prototype, Fitcoin a suscité l’intérêt d’Adidas et de Nike. Une démonstration lors du SXSW a montré un designer courant sur un tapis roulant pendant 40 secondes pour générer 5 cents de gain. 

“Transpirez pour de l’argent. Devenez riches. Mourrez jeunes.” Le slogan de Fitcoin.

Si Chris Till est dubitatif sur la motivation que peut réellement induire ce type de récompense – nous aussi comme le soulignait notre critique de Pavlok -, il s’interroge néanmoins sur l’impact culturel que ce type de systèmes pourraient avoir sur le fait de faire de l’exercice. Est-ce que faire du sport peut devenir de plus en plus une sorte travail  – comme commencent à nous y inviter déjà quelques compagnies d’assurance ? Pour le sociologue, comme il l’expliquait dans une précédente communication, la standardisation de la mesure de l’activité physique, permet de les agréger et de les comparer, et donc de les transformer en potentielle “main d’oeuvre”, comme le montre l’exploitation commerciale qui commence à être faite des données provenant des capteurs d’activités. 

“Si l’activité physique des individus commence à être lucrative pour certaines entreprises, alors peut-être va-t-il falloir la considérer comme un travail”. 

Fitcoin illustre parfaitement ce point puisqu’il propose littéralement de transformer l’activité physique en argent. Il transforme l’hétérogénéité de nos activités physique en norme et en trace, qui peuvent être combinées et comparées les unes aux autres et peuvent alors prendre une valeur d’échange à partir de laquelle un bénéfice peut-être extrait. Une nouvelle fracture émergera-t-elle entre les activités qui sont comptabilisées par ces dispositifs et celles qui ne le sont pas (comme faire le ménage) ? Y aura-t-il des sports qui ne généreront pas d’argent et qui seront donc abandonnés ? Ferons-nous encore demain du sport gratuitement ? 

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