Quand l’élite techno réinvente l’école à sa propre image – Wired

Dans un long article pour Wired, Jason Tanz revient sur le lancement, l’année dernière de la première Khan Lab School, une école fondée par Salman Khan, le fondateur de la Khan Academy – voir notre article de 2011, “Peut-on apprendre en ligne ?”

Depuis le succès mondial de son site de cours en ligne, Salman Khan a écrit un livre – L’éducation réinventée – dans lequel l’ex-étudiant du MIT énonçait sa vision de l’école, opposée aux cours, aux devoirs et pronant un apprentissage individuel et créatif, dans le sillon de bien des réformateurs de l’école. C’est cette vision qu’il tente d’inscrire dans l’école qu’il a lancé.

Les écoles innovantes se démultiplient dans la Silicon Valley, rapporte Jason Tanz qui complète le tableau que nous avions déjà commencé à esquisser dans notre article “Pourquoi l’apprentissage assisté par la technologie ne parviendra pas à lui seul à résoudre la crise de l’éducation”, en évoquant le développement du home schooling (l’école à la maison) relayé par le développement d’une multitude d’initiatives privées de très petites structures scolaires pour les enfants des cadres de la Valley, à l’image du tycoon Elon Musk qui a ouvert une petite école pour une vingtaine d’enfants dont bien sûr les siens. “La région de la baie de San Francisco est désormais la destination des éducateurs qui
veulent voir les premiers signes de ce à quoi ces nouveaux modèles
scolaires pourraient ressembler”, estime Brian Greenberg, directeur général
du SIlicon Schools Fund, une association qui finance ces initiatives.

Ces initiatives d’éducation à la demande restent réservées à une élite, du fait de leur coût, où les enfants semblent plus des cobayes auprès desquels on teste, règle et adaptent, avec un grand confort, de nouvelles méthodes éducatives, cherchant à mesurer le moindre apprentissage. 

L’un des principes du laboratoire scolaire de Salman Khan est que les enfants doivent jouer un rôle actif dans la conception de leur propre éducation. Cela signifie que beaucoup de temps dans la journée est consacré à la discuter de l’école elle-même. Outre les apprentissages individuels, les enseignements fonctionnent également beaucoup par projets et les outils de collaboration numérique sont au coeur des interactions.

Image : des étudiants travaillent à construire un prototype de bateau. Séparés en 3 équipes, qui doivent chacune construire un tiers du bateau, chaque équipe doit se coordonner avec les autres via des outils numériques comme Slack ou Trello. Chacune doit le faire dans une langue étrangère (Japonais, Espagnol et Allemand) en utilisant uniquement Google Translate. Elles ne se recontreront que pour l’assemblage final.

Khan est en train d’initier un Centre pour l’innovation dans l’apprentissage, afin que les mutliples initiatives puissent discuter entre elles et mieux partager leurs bonnes pratiques.

Les partisans de ces méthodes rêvent de lancer une grande école pour montrer que leurs méthodes fonctionnent. Encore faut-il que ces écoles fassent leurs preuves… Et notamment avec un public moins privilégié que ces enfants très privilégiés.

En attendant, les parents semblent attirés par le fait que ces écoles ne soient pas parfaites (projets qui s’arrêtent avant d’être terminés, professeurs qui s’en vont du jour au lendemain, débauchés par une autre école…), que leurs enfants fassent l’expérience d’une école qui se cherche.

En fait, comme le souligne très bien Jason Tanz, dans ces écoles, l’expérimentation n’est pas tant un moyen qu’une fin. L’enjeu est d’apprendre aux enfants à faire face à un environnement toujours changeant.

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