Puisque c’est pour votre propre bien ! – New York Review of Books

Sur la New York Review of Books, le professeur de droit Jeremy Waldron revient sur les deux derniers ouvrages de Cass Sunstein, le chef de file de l’économie comportementale. Et pointe très bien les limites du nudging :

“Le coup de pouce ne m’enseigne pas à ne pas utiliser des heuristiques inappropriées ou à abandonner des intuitions irrationnelles ou des règles désuètes. Il ne cherche pas à éduquer mon choix, pour lequel je suis inéducable. Au lieu de cela, il s’appuie sur mes faiblesses. Il manipule mon sens de la situation de sorte que certaines heuristiques – par exemple, un sentiment de paresse qui m’empêche de penser à épargner pour ma retraite – inappropriées au choix auquel je dois faire face, donneront toujours, grâce au coup de pouce, la réflexion rationnelle qu’il faudrait. Le coup de pouce, au lieu de m’apprendre à réfléchir activement à ma retraite, profite de mon inertie. Au lieu de m’enseigner à ne pas choisir automatiquement le premier élément dans le menu, déplace les éléments objectivement souhaitables jusqu’à la première place." 

En fait, explique Waldron : 

"J’utilise toujours les mêmes stratégies défectueuses mais maintenant les choses ont été disposés pour faire un meilleur travail. Le coup de pouce profite de mes lacunes comme on serait indulgent avec un enfant. Les gens qui font cela (comme les gouvernants) ne m’utilisent pas vraiment comme un moyen au sens de l’impératif kantien. Ils sont censés le faire pour mon propre bien. Pourtant, mon choix devient un moyen pour les fins de quelqu’un d’autre." 

Le nudge ne nous aide pas à progresser, à nous améliorer explique Waldron et pose plus avant la question de la dignité. 

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