Les nouvelles startups de la biotech

Ça fait longtemps qu’on dit que la biotech prend le chemin de la révolution informatique et que les entreprises de biotechnologie d’aujourd’hui sont la Silicon Valley de demain. Rob Carlson le proclamait déjà en 2006. Pour Wired, c’est aujourd’hui que cette prédiction commence à se réaliser, notamment grâce à CRISPR. Et le magazine d’établir une comparaison entre de nouvelles entreprises et de grandes compagnies informatiques : « Des sociétés comme Synthego, qui utilise une combinaison d’ingénierie logicielle et d’automatisation hardware pour devenir l’Amazon de l’ingénierie des génomes. Et Inscripta, qui veut être Apple. Et Twist Bioscience, qui pourrait être Intel. »

Pourquoi ces comparaisons ? Parce qu’effectivement, chacune de ces entreprises se consacre à un aspect différent de la jeune industrie biotech. Synthego, par exemple s’attaque effectivement, comme Amazon, au problème de la livraison. Mais ce qu’elle fournit, ce sont des kits CRISPR aux labos qui en font la demande, et ce, très rapidement.

Synthego a été créé par deux frères, Paul et Michael Dabrowski passés auparavant par le spaceX d’Elon Musk. Ce ne sont pas des biologistes, mais des entrepreneurs dans la tradition de la Silicon Valley.

Lorsqu’un chercheur a besoin de modifier un gène, il n’a qu’à se rendre sur le site de Synthego et spécifier l’organisme sur lequel il travaille et sur quel gène il veut travailler. Dans les jours qui suivent, le laboratoire reçoit le « kit » contenant les produits chimiques nécessaires à ses manipulations. Selon Wired, les techniques d’optimisation de Synthego font passer les opérations de modification de gènes de plusieurs mois à un seul.

Mais, rappelle le magazine, un autre problème se pose. CRISPR/Cas9 n’est pas gratuit. Il faut payer une bonne somme pour avoir le droit de l’utiliser, et en plus la question des brevets concernant cette découverte est actuellement au coeur d’un conflit. Nous le signalions déjà en 2015, mais apparemment, d’après un autre article de Wired, la situation n’est pas près de s’arranger.

C’est là qu’intervient Inscripta, que Wired définit comme le nouvel Apple, parce que cette entreprise proposerait un analogue à ce que fut l’ordinateur personnel pour l’informatique. Inscripta commercialise une nouvelle enzyme, MAD7, permettant d’utiliser CRISPR à moindre coût. L’usage de MAD7 est gratuit pour la R&D et peu onéreux en cas d’application industrielle. Moins cher en tout cas que Cas9, l’enzyme actuellement la plus utilisée pour « couper » les gènes.

Reste le niveau le plus bas de la pyramide biotech, celle qui correspondrait au processeur, termine Wired. Là ce serait le rôle de Twist Bioscience, une société qui applique des techniques de production très efficaces pour la synthèse de brins d’ADN. Elle utilise pour cela une technologie de miniaturisation qui permet, selon le site web de la compagnie, de produire 9600 gènes sur une seule puce de silicium, tandis que les méthodes traditionnelles n’en produisent qu’un seul dans le même espace. On trouvera sur le site d’Industrie et Technologies un article en français sur Twist Bioscience.

On le voit, ces startups ne sont pas spécialement intéressées par de la recherche fondamentale et ne se lancent pas dans des projets ambitieux et lointains. Au contraire, elles se préoccupent essentiellement d’accélérer des technologies déjà connues, ce qui est une avancée extrêmement importante. Comme le conclut Wired : « Tout comme la miniaturisation exponentielle des galettes de silicium a propulsé l’industrie informatique vers l’avant, la parallélisation massive de la modification des gènes repoussera les frontières de la biologie dans l’avenir ».

À lire aussi sur internetactu.net