Retour sur les enjeux 2005 : Les blogs

« Les blogs doivent encore prouver qu’ils peuvent avoir un impact réel, positif ou négatif, et ce dans au moins trois domaines essentiels : le journalisme (et la qualité de l’information), l’entreprise et le débat démocratique. » Enjeux 2005

C’est certainement dans le débat démocratique, autour du référendum sur la constitution européenne, que les blogs ont démontré cette année une partie de leur potentiel. Pour autant, en devenant un phénomène de masse, ils commencent aussi à montrer leurs limites. D’une part, la plupart des blogueurs n’ont que leurs amis comme lecteurs. D’autre part, la blogosphère est à la fois un formidable dispositif d’information et de contre-information, et un vaste réservoir d’affirmations approximatives, de naïvetés, voire de désinformation.

Est-ce un problème en soi ? Pas nécessairement. En abolissant la frontière entre correspondance privée et publication, les blogs exprimeraient plutôt, selon le patron de Technorati David Siffry, le fait que « le web n’est pas un ensemble de pages, mais un flux de conversation. Un lien hypertexte ne relie pas des documents, il est un geste social. »

Une telle vision se situe au fond aux antipodes de celle qui décrit les blogs comme le « média des masses » opposé aux « mass media », pour reprendre les mots de Joël de Rosnay.

En fait, on assiste peut-être à une séparation entre deux formes de blogs, l’une d’affirmation de soi et de lien avec sa tribu, l’autre d’expression publique, assez bien résumée par Martin Lessard : « Ces « djeunes » de moins de 24 ans qui « skybloguent », écrivent leur coup de gueule, publient leurs photos et, surtout, ils s’écrivent eux-mêmes. Ils prennent contrôle de la représentation de leur propre vie, ce que les mass mdia contrôlés par les plus de 24 ans n’ont jamais encouragés. Le « knowledge blogging » serait restreint à une minorité, (des « vieux » de 24 ans et plus ;-), plus intéressé à exposer leurs idées qu’à gérer leur image-dans-le-monde. »

(par Hubert Guillaud et Daniel Kaplan)

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0 commentaires

  1. « La plupart des blogueurs n’ont que leurs amis comme lecteurs » et j’ajoute qu’ils n’acceptent absolument aucun débat contradictoire.

    En fait, la plupart des blogs ne sont qu’une multitude de petits cercles qu’il convient de ne pas déranger dans leur routine éditoriale.

    Je lis beaucoup de blogs éditoriaux ou d’opinions anglo-saxons et participe à quelques-uns. Peut-être devriez-vous vous intéresser aux différences de comportement entre les bloggeurs anglo-saxons et les bloggeurs français car, comme d’habitude, un océan nous sépare…

    Concernant la réflexion de Martin Lessard, si le fait de s’écrire à soi-même (comme nous le faisions sur des cahiers) permet à des jeunes de ne pas sombrer, je ne peux qu’encourager ce phénomène.