Nanotechnologie : la guerre des symboles

Quel symbole pour les risques nanotechnologiques ?

Le groupe canadien ETC, qui se spécialise dans l’observation (et souvent la contestation) des derniers développements technologiques, vient de lancer un concours pour le meilleur logo signalant les « nanodangers ».

« La biotechnologie, le nucléaire, les produits chimiques toxiques, les radiations électromagnétiques – tous ces risques technologiques se sont vu assignés un symbole universel. Pourquoi donc la nanotechnologie – la plus puissante et potentiellement la plus dangereuse des technologies n’en possède-t-elle pas ? »

Ce symbole, est-il encore expliqué sur le site, « pourrait etre placé sur des produits contenant des nanomatériaux, dans des laboratoires, des usines dans lesquelles des travailleurs manipulent des nanoparticules, sur des récipients contenant des nanomatériaux. »

L’idée ne va pas sans faire grincer quelques dents, par exemple au Foresight Institute, fief d’Eric Drexler, qui s’est fixé pour mission « d’assurer la mise en oeuvre bénéfique » de la nanotechnologie. Un tel symbole n’est même pas utile s’insurge Christine Peterson, vice présidente de l’institut :

« Il y a déjà un symbole pour les produits toxiques. Les consommateurs ne devraient pas avoir à apprendre un nouveau symbole : ou un produit est toxique, ou il ne l’est pas ».

Beaucoup de bruit pour rien, dira-t-on ? Mais cette querelle autour d’un dessin cache de part et d’autre des présupposés idéologiques opposés. En créant un symbole spécial pour la nanotechnologie, ne la pointe-t-on pas trop tôt du doigt comme une menace, alors même qu’il s’agit d’une discipline encore dans l’enfance et dont la dangerosité supposée n’est pas encore suffisamment évaluée ? Ne généralise-t-on pas à l’excès en regroupant sous une même appellation un ensemble très large d’outils, de techniques et de produits qui ont pour seule caractéristique commune qu’à un moment du processus, on est intervenu à l’échelle nanométrique, celle de la molécule ? Mais à l’inverse, en « noyant » les dangers nanotechnologiques derrière le label très général de « produits toxiques », ne trompe-t-on pas le consommateur en le laissant dans l’ignorance d’une source de risque très spécifique ?

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