7 milliards d’internautes pour une culture de l’utilisateur globale – Affordance

“Le monde compte 7 milliards d’être humains. 3 milliards d’entre eux
disposent d’un accès internet. Un milliard et demi d’un compte Facebook.“ 

Tous les grands acteurs de l’internet attendent le prochain milliard d’utilisateur, nous explique le professeur en science de l’information Olivier Ertzscheid (@affordanceinfosur son blog. Mais la question culturelle d’une population mondiale entièrement connectée reste à écrire. 

“Au-delà du phénomène de diversité linguistique, que peut devenir notre
rapport à un ensemble de totems et de tabous qui sont les marqueurs et
les traits qui constituent les différentes “cultures” dans un monde
entièrement connecté où quelques services, sites et écosystèmes se
poseront en autant d’incontournables attracteurs ? Des plus anecdotiques
en apparence, comme les patronymes de ces amérindiens qui ne respectent pas les “régles” édictées par Facebook,
jusqu’aux plus essentielles, comme le rapport à la mort, le rapport à
la sexualité, le rapport à la religion, le rapport à la politique, la
manière dont sont diffusées et accessibles les connaissances
scientifiques : il ne s’agit là que de quelques-uns des problèmes
majeurs qu’il nous faudra envisager à l’échelle d’un internet de 7
milliard d’internautes.

Et les questions politiques et géopolitiques renforcent le constat qu’il est peu probable que les 7 milliards d’humains se connectent un jour aux systèmes numériques dominants. Reste que le passage de 3 à 4 ou 5 milliards d’internautes risque bel et bien de modifier la polarisation de l’internet tel qu’on le connait. Google nous donne déjà des accès très différents selon la région linguistique depuis laquelle vous surfez. Facebook est lui confronté à l’intégration de nouveaux communautarismes définissant de nouveaux clivages : demain devra-t-il intégrer et respecter les différentes valeurs culturelles ? Et Olivier Ertzscheid de rappeler qu’il n’est pas de sociologie ou de culture universelle… 

“La question n’est donc pas de savoir si c’est à Facebook ou à la loi de
décider et d’édicter des règles d’usage sur ces questions, ni de savoir
si ces règles auront – ou non – valeur de normes à l’intérieur de la
plateforme et tendront à contaminer également l’espace public du web et
par effet de bord, l’espace du débat public en général tant il est
évident que c’est ce qui se produira et à très brève échéance. La
question est de savoir à quel moment le politique et l’ensemble des
citoyens préoccupés de l’avenir du “corps social” seront ou non en
situation d’aller à l’encontre de ces règles, de faire en sorte, comme
le souhaitait Lessig dans son texte “Code is Law” de reprendre la main
sur les valeurs culturelles que véhiculent, que construisent et que
modifient en permanence les algorithmes et leurs codes.

Les internets sont en tension. Les plateformes pourront-elles continuer à organiser, indexer, hiérarchiser l’ensemble des individus, des contenus et des interactions sans se balkaniser ? Telle est la question de fonds que pose l’élargissement des internets à un nouveau milliard d’individu. 

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