La culture maker est morte, vive le re-make – Makery

Felipe Fonseca (@efeefe), cofondateur du réseau brésilien MetaReciclagem, auteur de Repair culture, est un maker historique. Dans une tribune traduite par Makery, il dénonce la dérive entrepreneuriale du mouvement. 

Pourtant, rappelle-t-il, au départ, la culture maker était une critique de l’industrialisation… Comment expliquer alors qu’elle est devenue le symbole d’une nouvelle révolution industrielle et même le levier que beaucoup imaginent pour soutenir la croissance industrielle de demain ? 

MetaReciclagem s’est fondé sur le recyclage d’ordinateurs via un réseau de lieux essaimant dans tout le Brésil, prônant la bidouille et la débrouille pour créer une “innovation de tous les jours”. Mais pour Felipe Fonseca, “le mouvement des hackerspaces a non seulement cédé sa place à des pratiques d’entrepreunariat,
mais leurs relations étroites et souvent soumises aux modèles
type fablabs du MIT a également produit un vocabulaire rempli de termes
en provenance directe de l’ère industrielle.” 

Pour Fonseca, le prototype est l’opposé de la gambiarra brésilienne, qui consiste à trouver des solutions concrètes depuis la récupération plutôt qu’à produire de nouvelles lignes de produits. 

Pourquoi la culture maker s’est-elle intéressée aux méthodes industrielle, délaissant largement la culture de la réparation, du recyclage et de la réaffectation ? interroge Fonseca. Si la culture maker a pour but de faire naître des nouveaux objets aussi inutiles que la méthode de production industrielle, elle est alors aussi toxique, superficielle, aliénante et mortifère qu’elle. 

“En fait, ce n’est que récemment que réparer des objets a été perçu comme
quelque chose que la société dans son ensemble devrait éviter. Mais en
acceptant ce principe, nous est retiré quelque chose de très important :
l’exercice et le savoir accumulé à associer les problèmes du quotidien
avec les innombrables solutions dont ils disposent. Il y aurait des
designers tendance partout, mais le clivage fondamental entre makers et
simples utilisateurs persisterait, voire augmenterait. En d’autres
termes, un secteur industriel rénové, maintenant partagé et encore plus
dynamique, prévoit d’ôter la créativité de nos vies de tous les jours.
Nous ne pouvons pas nous permettre d’y renoncer. 

(…) La culture de la réparation, en ce sens, n’est pas un simple effet
secondaire du développement des sociétés industrielles. Au contraire,
c’est l’une des rares niches distribuées et cohérentes de résistance à
la transformation de toute créativité humaine en produit quantifiable.
Je pense que ce n’est pas difficile de choisir son camp sur ce sujet.”

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