Peut-on créer de nouveaux sens ? – TED

Le neuroscientifique David Eagleman (@davideagleman), directeur du Laboratoire de perception et d’action au Baylor College of Medicine, de l’Initiative pour la neuroscience et la loi et de la société BrainCheckintervenait au dernier TED pour présenter notamment certains travaux réalisés par son laboratoire sur la réparation et l’augmentation des sens.

Après avoir expliqué combien notre perception est limitée, Eagleman se demande ce que ça nous ferait d’être doté de la capacité olfactive d’un chien, d’être capable de savoir s’il y a un chat dans les 100 mètres autour de nous ou que notre voisin était à notre place il y a 6 heures. Pour le spécialiste, les technologies peuvent élargir notre environnement perçu. L’implant rétinien ou l’implant cochléaire nous permettent déjà de réparer notre vision ou notre audition en branchant une électrode sur nos nerfs pour y délivrer un signal que notre cerveau est capable de réapprendre à décrypter. Sur ce modèle, nous pouvons lui apprendre à décrypter bien d’autres données provenant de bien d’autres signaux, comme l’ont montré les travaux précurseurs de Paul Bach-y-Rita sur la substitution sensorielle (voir également l’excellent article que Strabic lui a consacré), permettant par exemple de remplacer la vue ou l’ouïe par des sensations tactiles, à l’image du BrainPort, qui transforme l’information provenant d’une caméra portée sur des lunettes en informations tactiles sur un capteur que l’on porte sur la langue. Via ces outils, les aveugles sont capables de se déplacer dans un parcours d’obstacles complexe et même réussir un lancé dans un panier de basket. 

Dans son laboratoire, Eagleman travaille à convertir les mots prononcés par quelqu’un en informations pouvant être décodée par un sourd. Via une application que l’on installe sur son téléphone, un micro et un gilet bardé de vibreurs, un sourd profond est capable, après quelques jours d’entraînement, de décoder les paroles de son interlocuteur. 

Pour Eagleman, ce type de technologie pourrait aller plus loin et pourrait permettre de passer de la substitution sensorielle à l’augmentation. Il montre une expérience réalisée dans son laboratoire où un sujet équipé de la veste reçoit des informations et est confronté à un choix simple du type oui/non après chaque salve d’information. Le sujet n’a aucune idée de ce que signifie vraiment l’information, mais selon le bouton qu’il presse il a une rétroaction sur son choix, lui indiquant si celui-ci est positif ou négatif. En fait, le flux d’information qui lui arrive est celui de marchés boursiers récupérés sur le net et son action consiste à vendre ou acheter. Une façon de percevoir d’une manière directe les mouvements économiques de la planète. Une autre expérience a consisté a améliorer la perception d’un pilote de drone à faire voler son engin en lui envoyant des informations sur le tangage, le roulis, l’orientation et la position du drone. 

“Imaginez un astronaute être capable de sentir la santé globale de la station spatiale internationale, ou n’importe qui percevoir son propre état de santé, comme son taux de sucre dans le sang ou l’état de votre microbiome, ou d’être doté d’une vision à 360 degrés ou de voir l’infrarouge ou l’ultraviolet.” 

Lors de sa présentation sur la scène de TED, Eagleman vêtu de sa veste explique qu’il l’a branchée sur le hastag #ted2015 et, via un logiciel d’analyse de sentiment, perçoit ainsi les sentiments positifs ou négatifs de l’audience. A l’avenir, conclut le neuroscientifique, nous allons être en mesure de choisir nos propres périphériques de perception. 

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