Statactivistes ? Encore un effort pour être vraiment révolutionnaires – Henri Verdier

Le directeur d’Etalab et administrateur général des données, Henri Verdier (@henriverdier), de retour d’un débat sur le statactivisme (du nom du livre éponyme, qui, faisant le constat du lien intime entre pouvoir et statistique, tente d’armer les lecteurs pour mieux résister à cette collusion), profite d’un billet pour montrer 4 autres façons d’utiliser les données publiques ouvertes capables d’inspirer de nouvelles formes d’engagement.

Il revient ainsi sur Openfisca, un moteur de simulation du système socio-fiscal français, qui permet à la fois de simuler sa déclaration d’impôt, mais aussi de tester les conséquences de réformes fiscales annoncées ou envisageables. Cet outil a donné naissance à Mes Aides, permettant à chaque citoyen de vérifier l’ensemble de ses droits, d’obtenir le montant mensuel des prestations auxquelles ont peut avoir droit et de faire les démarches nécessaires en regard. Un outil qui permet de rendre les données vivantes et d’envisager de nouvelles formes d’activisme.    

Il évoque également le développement d’outils d’aide à la décision comme ce projet à l’étude chez Pôle emploi pour voir comment les statistiques du chômage pourraient nourrir la décision macro-économique, voire les décisions d’organisation et de gestion de Pôle emploi. Des données qui pourraient également être codées de manière à permettre à chaque demandeur d’emploi d’évaluer ses options personnelles, à la manière d’un tableau de bord personnel capable de nourrir ses décisions personnelles (à l’image de Cloverpop)

“Si je cherche le même poste, j’attendrai en moyenne 16 mois”, “si j’accepte de déménager, j’attendrai en moyenne 12 mois”, si j’accepte de changer de secteur, ce sera probablement 14 mois"…

Il évoque bien sûr les travaux de Michael Flowers à New York qui : 

“développe, pour la ville de New-York, des algorithmes qui permettent de mieux cibler les contrôles sanitaires, les patrouilles de police ou la recherche des pharmacies impliquées dans la fraude au médicament, il n’a pas besoin de théorie scientifique de la fraude. Il repère des corrélations, il envoie les patrouilles, il mesure le nouvel impact, il corrige si nécessaire. Il utilise les statistiques pour engager une démarche de test and learn et pour construire un système dynamique. Un système apprenant.

J’ai la conviction qu’il y a plus d’innovation, plus de disruption, plus de subversion en changeant la manière d’utiliser les données – en changeant les questions que l’on pose aux données – qu’en changeant les données elles-mêmes.”

Enfin, il évoque la coopération et la coproduction des données par plusieurs acteurs, notamment via l’accord à venir entre l’IGN, Open Street Map France et Etalab pour permettre à ces acteurs (et d’autres à venir) de coopérer ensemble à l’établissement d’une base de données de la géolocalisation de toutes les adresses postales. “La discussion entre des géomètres, des géographes, des citoyens engagés, des opérateurs publics autour de la manière dont ils avaient concrètement choisi de retranscrire telle ou telle dimension du réel, les échanges entre praticiens autour des grandes options technologiques et juridiques, les efforts respectifs pour comprendre les motivations de l’autre, ses contraintes, ses ambitions et ses choix structurants provoqueront, à terme, bien plus de changements et d’innovations, et peut-être de subversion, que des années de confrontations statistiques." 

L’ouverture des données ne se suffit pas à elle-même. L’enjeu est tout entier dans ce qu’on en fait.

C’est, d’une certaine manière, ce que défend aussi Thierry Mandon, secrétaire d’Etat en charge de la Réforme de l’Etat et de la Simplification qu’interviewe Sabine Blanc pour la Gazette des Communes en évoquant le concept de "start-up d’Etat”, pour évoquer la transformation de la conception des services numériques de l’Etat.

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