Le progrès est-il un programme politique – Agir par la culture

Pour ceux qui l’auraient raté, nous vous invitons à vous plonger dans l’entretien qu’Hubert Guillaud, rédacteur en chef d’InternetActu.net a livré au magazine Agir par la culture (repris par Rue89) où il revient sur les idéologies de la Silicon Valley et pose la question de notre rapport au progrès.

“Nous sommes tous victimes d’un manque de discernement face au progrès technique. La raison en est simple. Nous avons tous le désir d’améliorer les choses, de les changer, de les transformer… Pour autant, nous ne pouvons pas confondre la révolution informatique avec la révolution politique. Le seul moyen d’atteindre les objectifs politiques que la gauche poursuit est d’être absolument clair sur ce que sont les finalités. Mettre en place des moyens technologiques pour y parvenir avant de connaître clairement les fins consiste seulement à mettre la charrue avant les bœufs, c’est faire confiance à un déterminisme technologique qui n’a jamais été et ne sera jamais favorable à la poursuite de la liberté humaine.

Le cyberlibertarianisme estime que les problèmes de la société peuvent être résolus simplement en les interprétant comme de l’ingénierie et des problèmes logiciels. Non seulement c’est faux, mais à bien des égards, cela risque surtout d’empirer nos problèmes. Comme une grande partie de ces idées proviennent de la droite, encourager l’informatisation de masse comme un projet politique encourage également la diffusion de principes de droite, même camouflée dans une rhétorique de gauche.

Lorsque nous supposons que les objectifs de la gauche sont promus seulement par l’innovation numérique, nous oublions trop rapidement de réfléchir profondément sur la façon d’articuler ces objectifs. Nous avons foi en un progressisme technologique qui n’est pas dans les fondations de la gauche. Et surtout nous risquons de mettre de côté les efforts nécessaires pour résoudre les problèmes sociaux et faire progresser les perspectives de gauche en cédant à une forme technologique de la pensée magique qui est le contraire de l’action politique engagée.

Plus qu’une admiration sans critique, la gauche a plutôt eu tendance à rejeter la perspective technologique, ce qui a poussé tout un pan de la gauche, qui ne se retrouvait pas dans cette critique de l’innovation et du progrès, dans ce libertarianisme, qu’il soit cyber ou pas. Au final, on a l’impression que l’impensé technologique de la gauche s’est finalement retourné contre elle. C’est surtout de cela dont il faut sortir.” 

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